Dermatoses inflammatoires insuffisamment traitées : les médecins du travail mesurent-ils l’impact sur le travail ? – À propos de l’urticaire chronique

L’urticaire chronique touche environ 1 % de la population, en moyenne entre l’âge de 20 et 40 ans, pleine période d’activité professionnelle. Si elle affecte considérablement la qualité de vie, peu d’études ont évalué l’impact professionnel en fonction des types d’urticaire chronique, spontanée ou inductible, ou du type de métier. Le but de cette étude était d’évaluer l’impact professionnel des urticaires chroniques spontanées et inductibles et de leur traitement, en combinant des données objectives et rapportées par le patient. Nous avons mené une étude observationnelle monocentrique par questionnaires pendant un an de 2021 à 2022 chez tous les patients en période d’activité professionnelle consultant pour une urticaire chronique et acceptant de participer. Sur les 88 patients inclus, 55,7 % évaluaient l’impact professionnel de leur urticaire chronique comme significatif. Celui-ci était d’autant plus sévère que l’urticaire chronique était mal contrôlée. Quatre-vingt-six pour cent des patients avaient des symptômes au travail, dans un tiers des cas aggravés par celui-ci sans que les facteurs physiques soient individualisés comme aggravants des formes inductibles. Vingt pour cent rapportaient des effets indésirables de leur traitement au travail. Malgré un absentéisme faible, le présentéisme et la baisse de productivité étaient importants (>20 %). Six patients (6,8 %) ont rencontré des difficultés de maintien dans l’emploi (licenciement pour inaptitude médicale, changement de poste, changement de profession, non-renouvellement d’un contrat). Aucun patient n’a bénéficié d’aménagements de poste. Dans 72,7 % des cas, le médecin du travail n’était pas informé de la pathologie. Il n’y avait pas de différence en termes d’impact professionnel selon le type d’urticaire chronique ou le type de métier. Le retentissement au travail devrait être abordé aussi bien chez le praticien en consultation d’urticaire chronique, qu’en visite médicale en santé au travail, particulièrement lorsque l’urticaire est insuffisamment contrôlée. Une information au médecin du travail est souhaitable pour la mise en place d’aménagement de poste ou l’accompagnement du projet professionnel en cas de retentissement professionnel rapporté.