La prophylaxie pré-exposition contre le VIH (PrEP) en médecine générale en 2022: étude quantitative sur les pratiques actuelles et futures

Le médecin généraliste (MG) peut initier la PrEP depuis juin 2021, alors que le suivi se faisait auparavant principalement dans des services spécialisés. La PrEP est majoritairement prescrite à des hommes urbains ayant des relations sexuelles avec des hommes. L'objectif de l'étude est de décrire l'expérience et les perspectives concernant la PrEP des MG d'une région de province à faible densité médicale. Etude descriptive par auto-questionnaire dont le lien a été transmis par e-mail et par les réseaux sociaux auprès de MG régionaux (internes, remplaçants, collaborateurs et installés) entre juin 2021 et mai 2022. Vingt-neuf questions portaient sur la connaissance, l'expérience, l'opinion, les perspectives, les freins et les besoins concernant la PrEP, ainsi que l'abord de la santé sexuelle. Deux-cent-quatre-vingt-quatorze MG ont répondu (7,2%) dont 81,6% (240/294) avaient connaissance de la PrEP, 55,4% (133/240) savaient qu'ils pouvaient l'initier et 80,8% (194/240) la renouveler. Les principales sources d'informations étaient professionnelles (85,8%) et le patient lui-même (30%). Une meilleure connaissance de la PrEP était retrouvée pour les MG de moins de 45 ans et pour ceux qui travaillaient en association (p<0,001). La proportion de MG concernés par une expérience était de 33,3% (98/294): demande du patient (n=86), proposition à un patient (n=70), renouvellement (n=39) et initiation (n=14). Les MG déclarant avoir des PrEPeurs étaient 22,1% (65/294) avec une médiane de 1 PrEPeur par MG. En cas de demande, 20,4% (45/240) rédigeaient eux-mêmes l'ordonnance et 27,9% (67/240) adressaient à un spécialiste. Un âge supérieur à 45 ans et le fait d'avoir été formé étaient associés au fait de rédiger l'ordonnance (p<0,02). L'expérience de la PrEP était plus fréquente chez les MG de sexe masculin, exerçant en milieu urbain et ayant une activité dans le domaine de la santé sexuelle dont le suivi de personnes vivants avec le VIH ou la connaissance du TasP et du TPE (p<0,05). Les MG qui avaient connu la PrEP par un patient, ceux qui abordaient l'orientation et les pratiques sexuelles et ceux qui avaient rencontrés des personnes éligibles dans la pratique avaient également plus d'expérience de la PrEP (p<0,05). Les MG estimaient que la PrEP faisait partie de leur rôle pour 92,2% (271/294) d'entre eux et 41,5% (122/294) pensaient avoir des patients éligibles, notamment ceux exerçant en groupe (p=0,03) et avec une médiane de 4 patients par MG. Parmi ceux qui n'avaient aucune expérience de la PrEP (n=196), 72,4% (142/196) se disaient prêts à se former, 72,4% (142/196) à proposer la PrEP à leur patient, 58,7% (115/196) à l'instaurer et 79% (155/196) à suivre leur patient. Le principal frein ressenti est le manque de formation (84,5%) et le principal besoin exprimé celui d'un site internet (63,6%). La pratique de la PrEP reste marginale et centralisée de par le manque de connaissance de la PrEP et de la sexualité des patients, en lien avec l'abord de la santé sexuelle, alors que de potentiels PrEPeurs sont identifiés dans les patientèles. Les MG n'y semblent globalement pas hostiles, manifestent un souhait de s'impliquer davantage et sont demandeurs de formation. Aucun lien d'intérêt