De la singularité humaine à l’individualisation. Le regard de la sociologie sur une question controversée

La prise en compte de la singularité des sportifs et, en conséquence, l’individualisation de leur travail apparaît comme une évolution pesant fortement sur le travail de l’entraîneur comme l’attestent les dernières enquêtes olympiques (Burlot et al., 2022). Si prometteuse soit-elle, cette manière de travailler avec les sportifs n’est pas sans conséquence. Elle nécessite de s’interroger sur les outils et la réalité des données recueillies pour mettre en œuvre cette individualisation du travail sportif. Elle appelle également à s’interroger sur la nature chronophage de ce travail (mobilisation d’outils de suivi type AMS, traitement des données, entretiens). Elle implique aussi l’intégration de ressources humaines complémentaires, de nouvelles compétences et un nécessaire redimensionnement du nombre de sportifs par entraîneur pour ajuster au plus près ce travail. Elle oblige par ailleurs à s’interroger sur le juste équilibre à donner entre l’individualisation et le collectif d’entraînement, au risque de perdre en cohésion et de créer des tensions entre sportifs traités différemment. Au final elle redéfinit profondément le travail de l’entraîneur et lui demande encore une fois de mobiliser des compétences managériales fortes pour gérer les conséquences et les différents acteurs touchés par cette transformation tout en tentant de conserver l’esprit d’équipe nécessaire à la performance.