Inhalation de poudres métalliques décoratives : à propos de 3 cas

Des cas d’ingestion de poudres métalliques pour gâteaux ont été rapportés chez des enfants aux États-Unis [1]. Ces poudres sont identifiées comme « non comestibles », « non toxiques » et à usage décoratif uniquement. Un avis de la Food and Drug Administration conseille d’éviter d’utiliser ces produits [2]. En France, la réglementation est différente et les interdit (principe d’inertie, règlement cadre no 1935/2004, article 3). Nous rapportons ici 3 cas d’inhalation de ces poudres métalliques décoratives pour lesquels les centres antipoisons ont été sollicités : deux en Occitanie, un en Île-de-France. En Occitanie, une femme de 32 ans inhale de la poudre lors de la préparation d’un gâteau. Le lendemain, elle se plaint d’une toux, d’une douleur thoracique à l’inspiration et de l’apparition de fièvre pour lesquelles elle consulte son médecin traitant. Quelques jours plus tard, une autre femme de 30 ans respire aussi de la poudre dans des circonstances similaires et présente les mêmes symptômes que la première. À Paris, un enfant de 1 an a inhalé et ingéré de la poudre décorative. Il s’est ensuite mis à tousser, à présenter des difficultés respiratoires et à vomir. Ce tableau a motivé une consultation aux urgences : une polypnée est objectivée avec tirage sus-sternal à H8 suivie d’un épisode fébrile. Un syndrome inflammatoire avec polynucléose neutrophile est retrouvé. Dans le cadre d’une « Demande de Produit À Créer », la composition de la poudre métallique de couleur or a été demandée puis fournie par le fabricant. L’agent a ensuite été enregistré dans la Banque nationale des produits et compositions. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de répression des fraudes a également été informée. Les poudres décoratives mises en cause sont de la même marque, commercialisées au Royaume-Uni et ont été achetées sur internet. La poudre dorée (56,6 g par pot) contiendrait plus de 70 % de cuivre et moins de 30 % de zinc. Les 3 cas rapportent la même symptomatologie avec toux, douleur thoracique et fièvre de courte durée (3 jours pour les femmes et un seul épisode fébrile pour l’enfant), compatible avec la fièvre des métaux [3]. Cependant, la surinfection bronchique sur inhalation de microparticules est le diagnostic principalement retenu. Les informations recueillies auprès du fabricant sont pauvres et les données cliniques sont limitées. En effet, seul l’enfant a été hospitalisé. L’analyse granulométrique des poudres aurait été pertinente afin d’évaluer la taille de ces particules et aurait permis d’identifier, si existantes, les formes oxydes des métaux, dont l’oxyde de zinc connu pour engendrer des syndromes de type fièvre des métaux [3]. Notre attention s’est aussi portée sur le packaging de ces poudres : la confusion entre poudre comestible ou non est facile, compte tenu des similarités de présentation. La mention « non toxique » suggère l’innocuité du produit. Les poudres métalliques à usage décoratif constituent un risque pour la santé, que ce soit par voie orale ou inhalée, et ne doivent pas être identifiées comme « non toxiques ».