Complications liées à l’usage de substances psychoactives chez les mineurs : analyse des profils via les données des centres français d’addictovigilance

Caractériser les risques associés à l’usage de substances psychoactives chez les mineurs via l’analyse des données du réseau français des centres d’addictovigilance (FAN). Les données issues des notifications spontanées (NotS) recueillies par le FAN entre 2016 et 2021 chez les mineurs de plus de 10 ans ont été analysées. Une classification non supervisée a été implémentée sur les données de consommation (substances médicamenteuses [SM] ou non médicamenteuses [SNM]), afin d’identifier des profils de sujets. Les caractéristiques sociodémographiques et les complications ont été comparées entre ces différents groupes. Un total de 1544 NotS a été analysé, majoritairement des garçons (65,6 %), âgés en moyenne de 16 ± 1 ans. Une polyconsommation est rapportée pour 13 % d’entre eux. La classification a mis en évidence 4 groupes : – groupe 1 (n = 629), caractérisé par l’usage de cannabis (89,8 %) associé ou non à d’autres SNM (hallucinogènes et stimulants) et par des complications psychiatriques (symptômes psychotiques 14,3 %, maniaques 12,4 %, troubles du comportement 18,4 %, de l’humeur 14,2 %, comportement suicidaire 7,3 %) et des troubles digestifs (16,2 %) ; – groupe 2 (n = 660) se distingue par des jeunes, non-consommateurs de cannabis (5 %), mais usagers de SM (benzodiazépines 20 %, gabapentinoides 13,9 %, d’opioïdes 20 % [codéine/tramadol]) ou SNM (cocaine 12 %, protoxyde d’azote (53/55 cas) sans polyconsommation et par des complications organiques principalement neurologiques (46,5 %) ; – groupe 3 (n = 184) regroupe les polyconsommateurs (96,2 %) de SNM (stimulants (63,6 %, principalement cocaine), héroïne 10,3 %, hallucinogènes 19 %) et SM (BZD 55,4 %, gabapentinoides 31,5 %, opioïdes 28,3 %) associés à des complications organiques ou addictologiques (troubles de l’usage 65,2 %) ; – groupe 4 (n = 71), caractérisé par un usage de médicaments psychotropes : antidépresseurs 39,4 %, BZD 28,2 %, methylphénidate 14,1 %, anti-histaminiques-H1 53,5 % sans consommation de SNM excepté le cannabis (22 %), associé à des complications psychiatriques et organiques. Les groupes 1 et 4 sont majoritairement des jeunes entourés contrairement aux groupes 2 et 3. Le groupe 3 représente majoritairement des jeunes non scolarisés (63,2 %). Le groupe 4 (SM) regroupent les consommateurs les plus jeunes (10–15 ans), notamment des filles. Les niveaux d’usage en France, les complications recensées en addictovigilance et les signaux émergents montrent la nécessité d’une surveillance accrue et la mise en place de campagnes de prévention adaptées à chaque profil de consommateurs.