Discordance entre insulinémie et peptide C chez une patiente diabétique présentant des hypoglycémies transitoires

Les dosages d’insuline et de peptide C sanguins font partie du bilan étiologique des hypoglycémies, et bien que leur sécrétion pancréatique soit équimolaire, certaines situations conduisent à des discordances de leurs concentrations. Nous rapportons le cas d’une femme de 73 ans hospitalisée en service d’endocrinologie pour bilan d’hypoglycémies transitoires avec hyperinsulinisme connu depuis trois ans. Elle présentait un diabète de type 2 traité par antidiabétiques oraux et insulinothérapie depuis quinze ans, traitement relayé par acarbose trois ans auparavant face aux épisodes d’hypoglycémies et arrêté deux semaines avant l’hospitalisation. Elle n’avait aucun antécédent de maladie auto-immune. À jeun, l’insulinémie était très élevée sur Architect I2000 (dosage reconnaissant les analogues de l’insuline) et sur Cobas e411 (dosage ne reconnaissant pas les analogues de l’insuline) contrairement à un peptide C normal et une glycémie à 4,5 mmol/L (normes 4,6–6,1). Une épreuve de jeune sans hypoglycémie, un scanner abdominal sans lésion pancréatique, l’absence de troubles digestifs, des dosages sanguins normaux de cortisol à 8 h, IGF1, pro-insuline, les recherches négatives d’insuline exogène et sulfamides hypoglycémiants ont permis d’exclure certaines étiologies d’hypoglycémies. Finalement, les anticorps anti-insuline libres étaient fortement positifs permettant de suspecter le syndrome auto-immun anti-insuline (SAIAI). Une discordance entre l’insulinémie et le peptide C doit faire suspecter une prise d’analogue de l’insuline si la technique de dosage d’insuline y est sensible. Plus rarement, il peut s’agir du SAIAI caractérisé par la présence d’anticorps anti-insuline qui captent l’insuline endogène et la relarguent ensuite indépendamment de la glycémie causant alors des hypoglycémies.