Hepténophos et mévinphos : les pesticides organophosphorés tuent encore

Toxicologie Analytique et Clinique(2023)

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摘要
Mettre en évidence l’utilisation de pesticides retirés du commerce depuis 20 ans au travers de deux cas d’autolyse. Cas (1) : en Île-de-France, le corps sans vie, en état de putréfaction débutante, d’un migrant âgé de 30 ans est retrouvé dans une ferme abandonnée remplie de vieux bidons. Cas (2) : en Bretagne, le corps sans vie d’un homme de 69 ans est retrouvé sur son lit, un flacon en plastique vide à ses côtés avec une forte odeur de solvant perceptible près du corps. Pour chacun des 2 cas, l’autopsie et les analyses anatomo-pathologiques ont été réalisées et des prélèvements issus de l’autopsie nous ont été adressés pour expertise toxicologique. Dans les deux cas, les échantillons biologiques disponibles ont fait l’objet de recherches larges et ciblées de médicaments et toxiques, respectant la liste des analyses exigées dans le cadre d’une recherche des causes de la mort (expertise toxicologique de référence). Ces recherches ont inclus la recherche de substances volatiles et des méthodes dédiées de GC-MS et/ou LC-MS/MS ont été mises en œuvre pour la détection et la quantification des pesticides et leurs métabolites, après leur mise évidence par des méthodes de recherches larges. Le dosage des pesticides a été effectué par UHPLC-MS/MS avec le carbendazim-d3 comme standard interne. Cas (1) : il n’y avait pas d’alcool, aucun médicament ni stupéfiant, mais de l’hepténophos était retrouvé à une concentration de 38 mg/L dans la bile, 51 μg/L dans du liquide hématique de foie, 54 μg/L dans du liquide hématique de poumon et 301 μg/L dans du liquide hématique de cœur. Si une concentration très importante (> 1 g/L) était retrouvée dans le contenu stomacal, l’hepténophos était identifié à la limite de détection de la méthode (10 μg/L) dans le sang périphérique et le sang cardiaque. Du diméthylphosphate était détecté dans toutes les matrices biologiques à des concentrations allant de 30 à 773 μg/L. Cas (2) : il n’y avait pas d’alcool ni de stupéfiant, du paracétamol (5,2 mg/L), du clobazam (0,124 mg/L) et du norclobazam étaient retrouvés dans le sang, mais c’est surtout la présence de mévinphos (18,8 mg/L) et de diméthylphosphate dans le sang qui a retenu notre attention. Le mévinphos était aussi identifié (mais non dosé) dans le contenu stomacal et dans la fiole retrouvée près du corps. La concentration sanguine de mévinphos, comparable à celles rapportées dans la littérature, signe une intoxication : Dulaurent S. 2010 (Thèse de doctorat, Université de Limoges). Le mévinphos et l’hepténophos sont des insecticides organophosphorés inhibiteurs des acétylcholinestérases. Toutes les spécialités contenant du mévinphos ont été retirées du marché français entre 1989 et 2003. Celles contenant de l’hepténophos l’ont été entre 1998 et 2004. La dangerosité extrême des organophosphorés (classe Ia de la classification de l’OMS) n’est plus à discuter et leur implication dans des décès presque 20 ans après l’arrêt de leur commercialisation confirme leur stabilité en solution pure. Ces cas nous incitent donc à rappeler la persistance de la dangerosité d’un pesticide bien des années après sa fabrication et la nécessité pour les cliniciens et analystes de maintenir leurs connaissances et leurs moyens d’analyse pour des substances dont l’arrêt de commercialisation n’implique jamais le tarissement des cas d’intoxications aigues mortelles.
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