Cannabidiol (CBD) : analyse des « CBD non pharmaceutiques » disponibles en France (résultats préliminaires)

Disponible sur l’Internet comme en boutiques, le « CBD non pharmaceutique », appelé également « cannabis light », a pris son essor depuis près de cinq ans. Dans le même temps, la vigilance des autorités françaises vis-à-vis du CBD s’est accrue notamment au regard du marketing « sauvage » dont il fait l’objet auprès de la population générale allant du mineur expérimenteur d’e-cigarette à la personne âgée douloureuse. Ce projet d’addictovigilance vise à analyser la composition réelle des « CBD non-pharmaceutiques » disponibles sous différentes formes afin d’évaluer l’adéquation (à la fois qualitative et quantitative) entre contenu annoncé et produits réellement présents. Après une étude de marché du CBD dans 3 régions françaises, un achat aléatoire a été réalisé sur l’ensemble des boutiques référencées en englobant la majorité des produits disponibles : fleurs, résine, wax, e-liquide, produits alimentaires ou cosmétiques. Une analyse à la fois qualitative et quantitative, ciblée (THC, CBD et cannabinol) et non ciblée (autres xénobiotiques dont les nouveaux produits de synthèse) a été réalisée par CL-SM/SM et CL-SMHR [Richeval C et al. Toxicol Anal Clin 2017:29(1);144-45]. Au total, 65 échantillons ont été collectés entre juillet et octobre et analysés. Les produits achetés étaient majoritairement à inhaler (n = 46 ; 71 % : fleur, pollen, résine, crumble, wax, POD, e-liquide), mais aussi à ingérer (n = 17 ; 26 % ; cookie, bonbons, cristaux, huile, infusion) ou à appliquer en topiques (n = 2 ; 3 % ; crèmes cosmétiques). Les analyses non ciblées semblent rassurantes : aucun xénobiotique n’est retrouvé en dehors des phytocannabinoïdes habituels. Seuls 4 échantillons (6 %) ont un taux de THC supérieur à la norme imposée (> 0,3 %) et sont donc considérés comme des stupéfiants. Cela concerne uniquement des formes à inhaler : résine noire, e-liquide et 2 fleurs. Les concentrations de THC varient entre 0,4 % pour une fleur à 1,2 % pour de la résine noire. Concernant le CBD, le taux médian est retrouvé à 3,86 % allant de l’état de traces à 90 %. Seuls 3 échantillons (4,6 %) présentent une adéquation correcte contenu/étiquetage. De façon majoritaire, la concentration en CBD est inférieure à celle indiquée, et ce, pour toutes les catégories : produits à inhaler (36/46 ; 78 %), produits à ingérer (10/17 ; 59 %) et cosmétiques (1/1 ; 50 %). Seuls 4 échantillons présentent des taux supérieurs de CBD à ceux annoncés [1 échantillon à inhaler (2 %), 3 échantillons à ingérer (17 %)]. Les taux maximaux de CBD sont retrouvés pour la forme wax (85 % affichés à 98 %) et cristaux (90 % affichés à 99 %). Il faut noter que pour 10 échantillons, l’étiquetage ne mentionne aucun taux de CBD (18 % des échantillons à inhaler et 12 % des échantillons à ingérer). Si l’on compare les formes « à l’image du cannabis illicite » : (n = 47) aux autres formes (n = 18) : le taux de CBD moyen est plus élevé : 14,5 % ± 17 % [min : 0,3 % (fleur) ; max 85 % (wax)] versus 9,3 % ± 23 % [min : 0 % (cookie/POD) ; max : 90 % (cristaux)]. Dans la grande majorité des cas, le « CBD non pharmaceutique » n’est pas un stupéfiant (THC < 0,3 %). Par-delà le THC, cette étude met en évidence un défaut qualité du CBD non pharmaceutique (concentrations soit inférieures, soit supérieures de CBD, ou non précisées). Par ailleurs, les teneurs en CBD nettement supérieures pour les produits similaire au cannabis (jusqu’à 90 %) soulèvent la question de sa biodisponibilité (études cliniques réalisées uniquement par voie orale : F = 6 %). Une vigilance accrue a fortiori sur les process qualité s’impose. Enfin, l’autorisation de la mise sur le marché de l’Épidiolex (100 mg/mL) interroge sur l’absence d’une dose d’exonération pour ces produits non pharmaceutiques à l’image de la mélatonine.