Le déficit de perception des longueurs chez l’enfant né prématuré, un nouveau déficit ?

La Prématurité peut être à l’origine de lésions cérébrales ou de troubles moteurs pour lesquels les enfants sont suivis. Mais sans ces troubles visibles, on considère souvent qu’ils ne nécessitent aucune vigilance clinique. Évaluer la prévalence des troubles de perception visuo-spatiale (PVSE) chez les enfants nés prématurés sans paralysie cérébrale (PC) qui consultent pour suspicion de trouble neurodéveloppemental (TND). Un test de dépistage conçu et validé pour mesurer la PVSE sans la mise en jeu du geste moteur était administré par les cliniciens parmi d’autres tests neuropsychologiques utilisés pour diagnostiquer le TND chez 70 enfants prématurés âgés de 6 à 15 ans sans PC. Ce test n’a pas été pris en compte pour le diagnostic mais a été analysé rétrospectivement en fonction des critères de prématurité et du diagnostic de TND. Nous avons retrouvé un déficit de la PVSE dans 27 % de notre échantillon et plus spécifiquement, un déficit de perception de la longueur corrélée à l’âge gestationnel. On retrouvait ce déficit spécifique et atypique de perception de longueur pour 31 % des enfants non diagnostiqués TND. Les enfants prématurés présentant un TND avaient quant à eux un profil comparable à celui retrouvé dans une précédente étude sur des enfants présentant le même TND mais nés à terme (Pisella et al., 2021). Une perception des longueurs déficitaire peut affecter le développement des mathématiques, de la lecture et des praxies, sans forcément mener à un diagnostic de TND. Ces enfants qui n’ont en apparence pas de raison médicale de bénéficier d’accompagnement pour leurs difficultés scolaires, peuvent trouver une explication à l’origine de leurs plaintes dans leur prématurité. Ce résultat suggère de reconsidérer le suivi des enfants prématurés pour ne pas exclure ceux qui ne présentent pas de PC d’un accompagnement et d’adaptations précoces pour leur trouble de perception visuo-spatiale.