Morsures de tiques et syndrome alphagal, une étude cas-témoins en Guyane française

J. Le Forestier, L. Epelboin, F. Delon, G. Guillot, T. Blaise,P. Couppie,F. Djossou, A. Valois

Médecine et Maladies Infectieuses Formation(2023)

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Abstract
Le syndrome alphagal (SAG) est une réaction allergique IgE médiée au galactose-α-1,3-galactose (α-Gal), un disaccharide présent chez les mammifères non-primates. Les patients atteints du SAG ont des symptômes anaphylactiques lors de la consommation de viande de mammifères ou de médicaments contenant de l'α-Gal. Ses symptômes sont retardés: 2 à 6 heures après le repas incriminé, compliquant le diagnostic. Le SAG se développe généralement à l'âge adulte, des années après une consommation de viande sans symptômes. Les travaux récents suggèrent un lien entre les morsures de tique et la sensibilisation IgE à l'α-Gal. Une étude cas-témoins a été réalisée en Guyane. Les patients majeurs suivis en consultation d'allergologie pour une allergie IgE médiée entre janvier 2021 et octobre 2022 ont été inclus. Les cas avaient un diagnostic de SAG confirmé: présence de symptômes d'anaphylaxie suite à l'ingestion de viande de mammifère ou de médicament contenant l'α-Gal, et d'IgE spécifiques anti-Gal (> 0,1 kUA/mL). Les données étaient récoltées via un questionnaire standardisé et les IgE spécifiques anti-Gal étaient mesurées par tests immunoCAP. Le dosage de la tryptase et les résultats des prick-tests étaient rapportés lorsqu'ils étaient réalisés. Parmi 81 sujets évalués, 18 cas et 36 témoins ont été inclus. Tous les cas étaient mordus par une tique au moins une fois en Guyane, contre 8 (22%) des témoins (OR = 124,1 [IC 95%: 14,3 – 16 414,9], p < 0,001). Aucun cas n'était du groupe B ou AB, contre 6 (17%) témoins (OR = 0,1 [IC 95%: 0,0 - 1,1], p = 0,07). Un emploi en extérieur était prédictif de SAG (OR = 14,1 [IC 95%: 3,9 – 59,3], p < 0,001) contrairement à l'atopie (OR = 0,7 [IC 95%: 0,2 - 2,4], p = 0,59). Il était admis que la Guyane était exempte de maladie liée aux tiques. Nos résultats montrent que ce territoire n'en est pas épargné, et confirment que les morsures de tiques sont un facteur de risque majeur de développer un SAG en Guyane. Les recommandations aux voyageurs de protection vectorielle doit s'étendre aux tiques, l'écotourisme étant un motif de voyage croissant vers cette région. Contrairement à la littérature, le groupe sanguin B n'était pas protecteur d'un SAG mais cela est probablement lié à l'effectif de notre étude. Le risque de SAG était lié au travail en extérieur (forestiers, orpailleurs, naturalistes, militaires), et questionnerait le classement du SAG en maladie professionnelle pour ces métiers – au même titre que la maladie de Lyme. Aucun lien d'intérêt
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