Évaluer l’endurance des muscles extenseurs cervicaux chez les cervicalgiques chroniques : quels critères cliniques discriminants ?

L’endurance des muscles extenseurs peut être évaluée pour différentes raisons : pour témoigner de l’évolution du patient dans un contexte rééducatif ou de la présence d’un facteur prédictif au développement de cervicalgie chronique [1]. Le cervical extensor endurance test (CEET) est le plus couramment utilisé pour l’évaluer. Il consiste à placer le sujet en décubitus ventral et à lui demander de maintenir immobiles la tête et le cou en débord de table. Étonnamment, les critères d’interprétation du CEET ne font pas l’objet d’un consensus. Cette étude a pour objectif de contribuer à l’identification de ceux-ci chez des sujets souffrant de cervicalgie. Un groupe de sujets asymptomatiques et un groupe souffrant de cervicalgie chronique (mêlant des sujets « whiplash associated disorders » [WAD] à des « non-specific chronic neck pain » [NSCNP]) ont été soumis à 3 minutes de CEET. Un capteur inertiel placé au niveau occipital a évalué la capacité de maintien statique en mesurant les déplacements dans les trois plans de l’espace. De plus, la présence de sillons musculaires ou de tremblements a été relevée par l’expérimentateur. Enfin, l’intensité de la douleur ressentie per- et post-CEET (échelle numérique) et la perception de l’effort fourni (Échelle de Borg modifiée) ont été évaluées. Les 59 participants (29 asymptomatiques et 30 cervicalgiques, dont 9 WAD) ont achevé les 3 minutes du CEET. La capacité de maintien statique n’a pas révélé de différence significative entre les 2 groupes. Cependant, les déviations en inclinaison latérale du sous-groupe WAD ont été significativement plus grandes durant la première minute que celles des asymptomatiques. De plus, respectivement pour le groupe symptomatique et le sous-groupe WAD, la fréquence des douleurs per-CEET et les scores de Borg étaient significativement supérieurs aux valeurs du groupe asymptomatique. Cette étude est la première à évaluer précisément les mouvements dans les 3 plans ainsi que des critères subjectifs (échelle numérique et Borg) lors d’un CEET. L’altération de la capacité de maintien statique ne semble discriminante que chez des sujets WAD, présentant sans doute plus de troubles fonctionnels que les sujets NSCNP. Par contre, les critères subjectifs semblent pouvoir distinguer les cervicalgiques chroniques des sains. Ces résultats restent à confirmer sur un échantillon plus élevé.