TMS motivant une demande de retraite anticipée pour invalidité ou usure prématurée de l’organisme

Déterminer le profil épidémiologique, socioprofessionnel et médical des salariés atteints de troubles musculosquelettiques (TMS) qui ont déposé des demandes de retraite anticipée pour invalidité ou pour usure prématurée de l’organisme. Il s’agit d’une étude descriptive rétrospective portant sur tous les dossiers déposés à la commission d’invalidité du district du nord de la Tunisie durant les trois premiers mois de 2019. Sur un total de 325 dossiers déposés pour demande de retraite anticipée, 89 des patients avaient une demande motivée principalement par des TMS soit 27 %. L’âge des demandeurs de retraite variait entre 37 et 60 ans avec une moyenne de 52 ± 4 ans et un sex-ratio à 1,28. Les régions les plus concernées étaient : Nabeul (31 %), Tunis (24 %), Ariana (11 %), Bizerte (11 %) et Ben Arous (9 %). L’ancienneté au poste de travail variait entre 5 et 38 ans avec une moyenne de 23 ± 7 ans. Trente-six pour cent des demandeurs étaient des ouvriers en manutention, 19 % des piqueurs. Le régime salarié était le plus représenté à 82 %. Trente-huit pour cent des travailleurs appartenaient au secteur textile et confection et 8 % au secteur BTP. Quatre-vingt-neuf pour cent étaient en arrêt de travail lors du dépôt de la demande. Cet arrêt variait entre 3 mois et 25 ans avec une moyenne de 4 ans et demi. Seuls 8 % étaient en congé de maladie de longue durée (CMLD). Les TMS les plus retrouvés étaient : les lombalgies et lombosciatiques (25 %), les gonarthroses (9 %), les amputations (4,5 %) et les polyarthralgies (4,5 %). On retrouve parmi les demandes 4 cas d’accidents du travail et deux cas de maladies professionnelles indemnisés. À l’issue de l’étude du dossier et pièces justificatives, le recours à une expertise médicale spécialisée a été nécessaire dans 7 cas, 44 % des demandes ont été rejetées et 15 % ont eu un accord pour l’invalidité. Notre étude souligne l’impact important que peut avoir un TMS sur l’arrêt du travail. L’ignorance de certains travailleurs de leur droit aux CMLD, la précarité des conditions de travail et l’impossibilité d’un reclassement professionnel les amènent à quitter le travail précocement. Le régime de cotisation à la sécurité sociale conditionne également ces demandes car le régime indépendant n’ouvre pas droit à la retraite par usure prématurée de l’organisme. Seule l’invalidité (taux d’incapacité permanente partielle supérieur à 66,66 %) est alors envisageable.