Intérêt du traitement préventif par anticoagulant chez les patients âgés atteints de cancer sur les événements thromboemboliques veineux : conception et résultats à l’inclusion

Les événements thromboemboliques veineux sont fréquents au cours du cancer et augmentent avec l’âge. Il existe très peu de données pour évaluer l’intérêt d’un traitement anticoagulant préventif chez des sujets âgés fragiles atteints de cancer. L’objectif principal de cette étude est de comparer le risque thromboembolique veineux chez des patients âgés atteints d’un cancer en fonction de la prise ou non d’un traitement anticoagulant préventif. L’étude ANTIGONE est une étude longitudinale, multicentrique, observationnelle, conduite dans des centres d’oncogériatrie d’Île-de-France. La population inclut des patients âgés de 70 ans ou plus, atteints de cancers et adressés à un gériatre pour une évaluation gériatrique standardisée avant la décision d’une modalité de traitement entre 2015 et janvier 2021. Le critère d’évaluation principal est la survenue d’un événement thromboembolique veineux (thrombose veineuse profonde et/ou embolie pulmonaire) en fonction de la prise ou non d’un traitement anticoagulant préventif. L’étude a porté sur 1 702 sujets. Au départ, l’âge moyen était de 83,3 ans (écart-type = 5,8), avec 58,6 % des femmes, 26 % des participants présentaient des troubles cognitifs, 25 % avaient eu des chutes récentes. Le score moyen de comorbidité du CIRSG était de 10,6 (5,0), le score moyen d’autonomie (ADL) était de 5,5/6 pour les activités de la vie quotidienne et de 5,8/8 pour les activités instrumentales de la vie quotidienne (IADL). Le nombre moyen de médicaments pris par le patient était de 5,3 (3,1) par jour. Les différents types de cancers pris en charge étaient : gynécologiques (33 %), digestifs (26 %), urologiques (17 %), pulmonaires (10 %), hématologiques (3,4 %), cutanés (2,7 %) et cérébraux (1,2 %). Dans cette population, 11,6 % (n = 198) des sujets ont été traités au départ par de l’héparine de bas poids moléculaire (HBPM) pour prévenir la maladie thromboembolique veineuse. Le type de cancer n’était pas associé à la prescription d’HBPM. Le suivi de l’étude est en cours et les résultats définitifs seront disponibles en 2023. Dans cette population unique très âgée et fragile atteinte d’un cancer récent, un traitement préventif de la maladie thromboembolique veineuse a été initié chez 12 % des sujets. Le suivi à un an déterminera le rapport bénéfice/risque du traitement par HBPM à dose préventive dans cette population.