Diazépam : résultats de la première enquête d’addictovigilance (2011–2020)

Introduction Le diazépam est une benzodiazépine à longue demi-vie, pour laquelle des cas marquants en addictovigilance ont été récemment rapportés, ce qui a motivé l’ouverture de la première enquête d’addictovigilance. Matériel et méthodes Une analyse multisource des données d’addictovigilance a été réalisée et les données de vente ont été analysées de 2011 à 2020. Résultats Le diazépam fait partie des 10 benzodiazépines les plus vendues, avec une augmentation des ventes depuis 2011. Sur la période de l’enquête, 786 cas ont été rapportés : une augmentation est observée jusqu’en 2019. La majorité des sujets sont des hommes (77,9 %) avec un âge médian de 38 ans. Le diazépam est principalement consommé par voie orale et obtenu par prescription, mais aussi par deal, nomadisme médical et falsification d’ordonnance. Les effets recherchés sont des effets « thérapeutiques » mais dans un contexte de mésusage (anxiolyse, sédation), un effet récréatif/euphorique et pour compenser l’absence d’une autre substance ou pour potentialiser ses effets. Le diazépam est utilisé en association avec une autre substance dans près de 90 % des cas, dont l’alcool (39 %), une ou plusieurs autres benzodiazépines (39 %) et les opiacés (31 %). Il occupe la première place parmi les benzodiazépines consommées dans l’enquête OPPIDUM. Dans l’enquête OSIAP, le diazépam est le 11e médicament le plus cité en 2020. Dans l’enquête sur les soumissions de produits chimiques, le nombre de cas impliquant le diazépam est en augmentation. Entre 2011 et 2019, le diazépam a été retrouvé dans 12 décès inclus dans l’enquête DRAMES, en association avec un opioïde dans 11 cas. Discussion Cette première analyse multisource d’addictovigilance met en évidence le potentiel d’abus et de dépendance du diazépam. Une augmentation des ventes est constatée, de même qu’une augmentation du nombre de signalements d’addictovigilance, avec une augmentation de la proportion de mésusage, notamment en association avec des substances potentiellement à risque de sédation et de dépression respiratoire. En particulier, l’association avec les opioïdes, notamment observée dans l’enquête DRAMES, est un signal important à surveiller.