Recensement de la captation myocardique sur les scintigraphies osseuses de routine, une méthodologie pour évaluer la prévalence de l’amylose cardiaque

L’amylose cardiaque à transthyretine (ACt) a été longtemps considérée comme une maladie rare et demeurant sous-diagnostiquée. Sa faible prévalence commence à être démasquée avec l’adoption récente de modalités non invasives d’imagerie nucléaire. Son diagnostic ne peut être basé seulement sur les résultats de l’échographie et de l’IRM qui manquent d’exactitude. Pour poser le diagnostic de l’ACt, tout en évitant les gestes invasifs de la biopsie myocardique, on a dernièrement introduit en pratique la scintigraphie aux traceurs osseux, mettant en évidence une fixation myocardique avec 3 niveaux de gradation. Cette modalité d’imagerie nucléaire est devenue rapidement un examen clé et la biopsie cardiaque, en tant que test de référence, n’est désormais utilisée que rarement. Nous avons réalisé une étude rétrospective monocentrique (CHU Mont Liban) visant à estimer, dans la population libanaise, la prévalence de l’ACt. Notre étude est basée sur le recensement des cas de fixation myocardique du traceur révélée sur les scintigraphies osseuses effectuées en routine. Cette étude englobe 2211 scintigraphies réalisées entre 2009 et 2020 et dont l’indication majeure est une recherche de métastase osseuse. Différents grades de fixation myocardique ont été observés chez 1,72 % de nos patients âgés entre 30 et 95 ans. Il y avait une fixation myocardique chez 1,39 % des patients âgés entre 30 et 39 ans et chez 0,37 % des patients entre 50 et 59 ans. Ce pourcentage par tranche d’âge croit considérablement à partir de 60 ans (2,49 %) et atteint 4 % au-dessus de l’âge de 80 ans. Des fixations myocardiques de grade 2 et 3, qui sont d’aspects diagnostiques de l’ACt, existaient chez 5 patients (0,23 % de l’ensemble de notre population) âgés entre 56 à 91 ans. Nos résultats montrent une tendance à l’augmentation de l’incidence de l’ACt avec l’âge et fournissent une estimation préliminaire du nombre des cas malades dans notre population. Pour mieux connaître la prévalence de l’ACt, des études multicentriques sont nécessaires portant sur de plus grandes cohortes. L’analyse minutieuse de la scintigraphie osseuse de tout patient adulte venant en médecine nucléaire doit permettre de poser le diagnostic de l’ACt à un stade préclinique. Ainsi, la scintigraphie aux traceurs osseux aide à réduire le risque de sous-diagnostic de cette maladie qui peut bénéficier des thérapies ciblées nouvellement développées, avec le grand espoir de ralentir sa progression.