Dénutrition, surpoids et obésité chez les personnes âgées vivant dans des communautés en Afrique : une revue systématique

Plusieurs études en Afrique ont étudié le statut nutritionnel des personnes âgées en Afrique. Les données africaines sont éparses et n’avaient pas encore fait l’objet d’une revue répondant aux standards méthodologiques contemporains. L’objectif de cette étude était d’identifier les études sur l’état nutritionnel s’appuyant sur l’indice de masse corporelle (IMC) des personnes âgées vivant au domicile en Afrique. La littérature a été extraite des bases de données Web of Science, GoogleScholar, PubMed, Research4life, AJOL et Scopus en utilisant les termes de recherche suivants : Afrique/chacun de ses pays, personnes âgées, état nutritionnel/dénutrition/surpoids/obésité. L’âge d’inclusion dans les études était de 60 ans et plus. Les études menées dans des hôpitaux, les maisons de retraite, utilisant d’outils d’évaluations autres l’IMC, présentant des biais de sélection ou une discrimination raciale ou de genre étaient exclues. Le statut nutritionnel était défini selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé. L’échelle Newcastle-Ottawa Quality Assessment Scale (NOQAS-adaptée aux études transversales) a été utilisée pour évaluer la qualité des articles. La recherche a été effectuée jusqu’au 31 janvier 2021. Pour chaque pays, les prévalences moyennes (respectivement de la dénutrition, du surpoids et de l’obésité) et la corrélation avec l’indice de développement humain (IDH) de la période d’étude/publication ont été calculées. Trente-deux études menées dans 14 pays couvrant les cinq régions du continent africain ont été incluses. Les techniques d’échantillonnage étaient diverses et pas toujours appropriées. Toutes les études étaient d’assez bonne qualité avec des scores NOQAS allant de 6 à 9/10. Deux principaux types d’études (transversales et prospectives) étaient identifiés. Elles étaient conduites en zones rurales (32,4 %), urbaines (38,2 %), les deux (26,5 %) ou indéterminées (2,9 %) avec des échantillons compris entre 62 et 2091 personnes. L’âge moyen se situait entre 65,0 et 79,7 ans. La dénutrition (20,9 ± 8,6 %) était plus élevée en République Centrafricaine (33,4 %) et plus faible en Afrique du Sud (3,4 %). Le surpoids (13,8 ± 7,2 %) était plus élevé en Afrique du Sud (27,6 %) et plus faible en Ethiopie (2,3 %), tandis que l’obésité (13,2 ± 0,7 %) était plus élevée en Afrique du Sud (50,4 %) et plus faible en Tanzanie (0,7 %). Le surpoids et l’obésité étaient positivement corrélés à l’IDH (r = 0,7, p = 0,023 ; r = 0,7, p = 0,016, respectivement). Aucune corrélation n’avait été trouvée entre la dénutrition et l’IDH. En Afrique, près d’une personne âgée sur cinq est en dénutrition selon le seul critère de l’IMC et environ 30 % sont en surpoids ou obèses. Ce constat devrait interpeller les autorités africaines, d’autant que l’excès de poids pourrait constituer un problème à l’avenir en raison de la transition nutritionnelle. Il existe un besoin urgent d’études complémentaires afin de pouvoir proposer des solutions simples et adaptées à cette population afin d’améliorer le statut nutritionnel des personnes âgées en Afrique.