Prévalence de l'hépatite C chez les usagers de drogues par injection en France: modélisation mathématique de l'évolution à l’ère des antiviraux à action directe (FANTASIO)

Introduction La prévention de la transmission du virus de l'hépatite C (VHC) chez les usagers de drogues par injection (UDI) est essentielle pour éliminer l'hépatite C en France. Le succès des traitements antiviraux à action directe (AAD) offre la possibilité d'éliminer le VHC dans cette population. Dans le contexte des AAD, une approche par modélisation a été réalisée pour prédire l'impact du dépistage, de l'accès aux AAD et de l'accès aux programmes de réduction des risques sur la prévalence du VHC chez les UDI en France. Méthodes Un modèle de type Markov (Fig. 1) a été développé pour simuler la progression des UDI pour une durée de 10 ans. Les individus simulés sont répartis selon le sexe, la coinfection par le VIH et la présence de troubles liés à l'usage d'alcool. Notre modèle a été alimenté par les données de l'Assurance maladie sur la période 2012-2016 (projet FANTASIO) portant sur la répartition des patients selon le stade de fibrose hépatique et l'accès aux AAD, et par des données de la littérature pour estimer les autres probabilités de transition dans le modèle. Le modèle simule la progression de 72312 UDI en début 2016 en fonction de quatre scénarios: S1) scénario avec les valeurs des paramètres présentés dans la figure 1, correspondant à la situation en 2016 dans la population française de UDI (scénario de référence); S2) scénario d'augmentation de l'accès aux AAD à 95%; S3) S2 + augmentation de l'accès aux soins à 40 %; S4) S3 + augmentation de l'accès aux programmes de réduction des risques (RdR) à 60 %. Résultats La prévalence du VHC était fixée à 43,97 % au début de la simulation. Avec le scénario de référence (S1), la prévalence moyenne a diminué à 22,64 % (IC95%: 22,37-22,92) à 10 ans. Une augmentation de l'accès aux AAD à 95 % (S2) a diminué la prévalence à 10 ans à 6,90 % (IC95%: 6,73-7,07). Une augmentation de l'accès au AAD à 95 % et de l'accès aux soins à 40 % (S3) a diminué la prévalence à 10 ans à 5,19 % (IC95%: 5,04-5,33). Enfin, en combinant le scénario S3 avec une augmentation de l'accès aux programmes de RdR, la prévalence à 10 ans est passée à 5,00 % (IC95%: 4,48-5,20). Conclusion L'élimination de l'infection par VHC à l'horizon 2030 sera difficile à atteindre avec la situation immédiatement après l'arrivée des AAD, et l'augmentation de l'accès aux AAD n'est pas suffisante pour atteindre cet objectif. La combinaison d'une triple augmentation de l'accès aux AAD, de l'accès aux soins et de l'accès aux programmes de RdR peut conduire à l’élimination de l'hépatite C dans 10 ans. Mots clés Antiviraux à action directe; Hépatite C; Modélisation; Usagers de drogues par injection Déclaration de liens d'intérêts Les auteurs n'ont pas précisé leurs éventuels liens d'intérêts.