La relation au visage : du sujet normal au malade Alzheimer, du visage nu au visage masqué, d’une neuropsychologie humaniste à une éthique incarnée

The relationship to the face weaves close links with identity and otherness. It is not just a means of inter-human knowledge; it is also a major means of self/other communication underpinned by those mentalization networks that open up the attribution of intentions and emotions to others (theory of mind) as well as that particular disposition known as empathy, which enables us to put ourselves in another person’s shoes by feeling and understanding what they are experiencing while remaining ourselves. Neuropsychology attempts to shed light on the brain processes that underlie this encounter with the face and that may be altered by neurodegenerative diseases, and in particular by Alzheimer’s disease. The pandemic period also leads us to examine the clinical consequences of wearing a mask both in normal subjects and in subjects suffering from diseases that affect the relationship with the face of others. A humanistic neuropsychology must integrate an embodied ethics that attempts to discern what, in the perception of the Other, contributes to hindering the expression of otherness, which is inseparable from the human condition. In the pandemic context linked to Covid-19, neuropsychology with its clinical requirements and ethics with its performative aim on care practices, can thus cross-fertilize each other to propose compromises that are certainly attentive to public health but also to the well-being of each human being, especially the most vulnerable.La relation au visage tisse des liens étroits avec l'identité et avec l'altérité. Elle n'est pas qu'un dispositif de connaissance interhumaine ; elle est aussi un dispositif majeur de la communication soi-autrui sous-tendue par ces réseaux de mentalisation qui ouvrent à l'attribution à autrui d'intentions et d'émotions (théorie de l'esprit) comme à cette disposition particulière qu'est l'empathie, qui permet de se mettre à la place d'autrui en ressentant et en comprenant ce qu'il éprouve tout en restant soi. La neuropsychologie tente d'éclairer les processus cérébraux qui sous-tendent cette rencontre du visage et qui peuvent être altérés par les maladies neurodégénératives, et en particulier par la maladie d'Alzheimer. La période pandémique conduit aussi à s'interroger sur les conséquences cliniques du port du masque tant chez les sujets normaux que chez les sujets atteints de maladies qui affecte la relation au visage d'autrui. Une neuropsychologie humaniste doit intégrer une éthique incarnée qui tente de discerner ce qui, dans la perception d'autrui, contribue à entraver l'expression de l'altérité, indissociable de la condition humaine. Dans le contexte pandémique lié à la Covid-19, la neuropsychologie, avec ses exigences cliniques, et l'éthique, avec sa visée performative sur les pratiques de soins, peuvent ainsi se féconder mutuellement pour proposer des compromis attentifs certes à la santé publique mais aussi au bien-être de chaque être humain et notamment des plus vulnérables.