Réactions d’hypersensibilité aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : classification en phénotype et démarche diagnostique

La prévalence des réactions d’hypersensibilité (HS) aux AINS varie selon les études entre 0,6 % à 5,7 % dans la population générale. Le mécanisme est souvent pharmacologique. Décrire la démarche diagnostique devant une réaction d’HS aux AINS et poser l’indication des tests allergologiques. Étude rétrospective (2013–2021) sur dossiers de patients présentant une suspicion d’HS aux AINS et classée selon la classification réseau européen d’allergie médicamenteuse et de l’Académie européenne d’allergie et d’immunologie clinique. Parmi 168 cas d’HS médicamenteuse, 26 cas d’HS aux AINS étaient colligés (sex-ratio : 0,43 ; âge moyen : 38 ans). Nos patients avaient présenté > 2 réactions d’HS dans 60 % des cas et ≥ 3 réactions d’HS dans 20 % des cas. Dans 45 % des cas, 3 AINS ou plus de structure chimique différente étaient incriminés. Les anti-COX-1 étaient responsables de 80 % des réactions de cross intolérance. L’acide acétylsalicylique et le paracétamol étaient incriminés dans 29 % et 18 % des cas. Selon la classification des réactions d’HS utilisée, des réactions de cross intolérance étaient la plus notés (80 %) : phénotype 1 (pathologie respiratoire exacerbée par les AINS) dans 8 cas, phénotype 2 (dermatose exacerbée par les AINS) dans 6 cas et phénotype 3 (urticaire et/ou angiœdème induit par les AINS) dans 7 cas. Pour les patients du phénotype 1, 2 et 3, les inhibiteurs sélectifs des COX 2 étaient indiqués en cas de nécessité thérapeutique et leur introduction était menée avec succès dans 19 cas. Une seule patiente du phénotype 1 avait eu une désensibilisation à l’acide acétylsalicylique avec succès. Les réactions de non cross intolérance de mécanisme immunoallergique étaient suspectée dans 5 cas et les AINS incriminés étaient l’acide acétylsalicylique (n = 2), le paracétamol (n = 2) et un inhibiteur de la COX 1 (n = 1). Un test de provocation (TPO) mené au paracétamol dans 2 cas (positif : 1 cas) et à l’acide acétylsalicylique dans 1 cas et était positif. Dans notre étude la classification des réactions d’HS en phénotype représente la pierre angulaire dans la démarche diagnostique, dans la gestion des tests allergologiques et dans le choix des alternatives thérapeutiques.