Eczéma chronique des mains (ECM) chez les patients porteurs de gants

Le port de gants est source de dermites de contact irritatives ou allergiques le plus souvent dues aux accélérateurs de vulcanisation. De nouvelles sensibilisations aux gants en caoutchouc synthétique ou en vinyle ont été rapportées. Une batterie Européenne caoutchouc (BEC) et des patch tests avec les gants personnels sont conseillés depuis 2016 pour le diagnostic d’allergie aux gants. Depuis, une seule étude systématique a été réalisée chez les porteurs de gants. Nos objectifs étaient d’évaluer le profil clinique des patients atteints d’ECM et porteurs de gants, et l’intérêt des tests avec les gants personnels, la BEC et des allergènes de gants vinyle. Le groupe DAG de la Société française de dermatologie a inclus dans une étude multicentrique tous les patients atteints d’ECM et porteurs de gants en milieu professionnel ou non, ayant bénéficié, selon les règles de bonnes pratiques du groupe, d’un questionnaire enquête de pratiques dans l’ECM, d’un recueil standardisé d’observation, de patch tests avec la BSE, la BEC et ses ajouts, les allergènes commercialisés de gants vinyle et de tests avec des gants personnels (patch tests et tests semi-ouverts 5 × 5 cm SO). On avait 283 patients, d’âge moyen 38,6 ans, dont 75 % de femmes, 56 % d’atopiques, avec une durée moyenne de l’ECM 53,6 mois, et un eczéma fissuraire ou vésiculeux dans plus de 50 % des cas. 43 % exerçaient dans le milieu de la santé et 26 % portaient les gants plus de 2 h/jour. 62 % portaient plusieurs types de gants (latex 58 %, vinyle 47 %, nitrile 47 %, textile enduit 15 %, néoprène 7 %). Le lavage des mains était fréquent (64,8 %) ; 80 % utilisaient un savon doux et un émollient. L’ECM était rythmé par le travail dans 62,6 % des cas. Au total, 32 % des patients avaient des tests positifs à des gants personnels ou des allergènes de gants. Les allergènes principaux étaient : thiurams 13 %, (dont 20 % non dépistés par la BSE), carbamates 3,2 %, benzothiazoles 3,2 %, 1,3-diphenylguanidine 5,3 % ; 48,7 % des sensibilisations n’étaient détectées que par la BEC. Sur les 55 gants positifs, 10,9 % étaient des gants vinyle et sur les 35 patients ayant eu patch tests et tests SO, 22,8 % avaient uniquement des tests SO positifs. 25 % étaient sensibilisés à d’autres allergènes. 52 % de patients allergiques aux gants étaient revus avec 87 % d’évolution très favorable après éviction. Notre étude montre l’intérêt de tester la batterie européenne caoutchouc et les gants apportés. Le taux élevé d’allergie aux gants s’explique par un biais de recrutement hospitalier. Le taux de sensibilisation aux thiurams, carbamates et benzothiazoles est similaire aux données de la littérature. Nous confirmons l’importance de la sensibilisation à la diphénylguanidine. Les tests semi-ouverts avec les gants sont apparus utiles. Nous soulignons une proportion significative (10,9 %) de tests positifs aux gants vinyle avec une faible pertinence des allergènes commercialisés dans ces cas.