La peur bleue de ne pas retrouver le bon bleu

Les colorants bleus sont utilisés en médecine et en chirurgie de longue date. Injectés dans les tissus, ils sont dirigés vers le système lymphatique, ce qui permet l’identification directe des ganglions sentinelles lors de chirurgies oncologiques, dans le cadre d’un cancer du sein ou d’un mélanome. Trois d’entre eux sont utilisés à cette fin, soit le bleu patenté, le bleu isosulfan et le bleu de méthylène. Ils sont également utilisés pour marquer les tissus en chromoendoscopie de façon à repérer les fistules et lâchages de sutures. Compte tenu de l’utilisation croissante des colorants bleus pour la cartographie lymphatique, l’incidence des réactions d’hypersensibilités (HS) immédiates à ces médicaments tend elle aussi à augmenter. Les réactions d’HS immédiates aux colorants bleus ont plusieurs particularités. Les investigations allergologiques reposent principalement sur l’histoire de la réaction. Le dossier chirurgical et anesthésique se doit donc d’être complet et bien documenté, afin de bien orienter les investigations allergologiques à entreprendre. Un dossier mal documenté, comprenant des informations inexactes, pourraient compromettre les investigations et le diagnostic allergologiques, et entraîner des conséquences néfastes pour les patients. Nous décrivons ici le cas de deux patientes ayant présenté des chocs anaphylactiques peropératoires et dont le colorant bleu utilisé avait été mal documenté au dossier.