Le médecin généraliste face à la notion d’« allergie aux antibiotiques » déclarée par le patient : un aperçu des pratiques en Ile-de-France

La notion d’« allergie » à un antibiotique est surestimée par les patients, qui font souvent la confusion entre une vraie allergie au sens immunologique et les effets indésirables suite à la prise d’antibiotique (diarrhées, mycose…). Cette thèse avait pour objectif de décrire les pratiques des médecins généralistes (MG) d’Ile-de-France face à une « allergie à un antibiotique » auto-déclarée par les patients. Étude descriptive transversale par questionnaire, de janvier à juillet 2018, auprès des MG du 75, 77, 93 et 94. Les 233 réponses montraient que cette thématique est fréquente en médecine générale (estimée de 1 à quelques fois par mois). Les molécules les plus incriminées étaient les pénicillines, puis les macrolides et les autres bêtalactamines. La quasi-totalité des MG (94,9 %) ne connaissaient pas le questionnaire ENDA recommandé ; 3/4 de ceux le connaissant ne l’utilisaient pas (car l’estimaient inadapté pour la MG). Leurs connaissances étaient bonnes pour les symptômes et délais d’allergies immédiates, plus contrastées pour les retardées. Leurs difficultés venaient des symptômes cutanés type rash maculo-papuleux, urticaire, prurit isolé. 24 % des MG citaient les troubles digestifs (diarrhées) comme évocateur d’une allergie. Un point clé identifié a été la perte dans le temps des informations recueillies à l’interrogatoire. Peu de MG prescrivaient des tests biologiques (11,2 %), avec IgE totales ou spécifiques (4,3 %). 25,8 % des MG validaient le diagnostic d’allergie avec leur seul interrogatoire et 9,4 % ne poursuivaient pas les investigations avec éviction définitive de l’antibiotique ; 78,5 % orientaient vers un allergologue. Une majorité des MG interrogés avait un intérêt pour l’allergologie (97,4 %). Les MG étaient mitigés quant aux solutions proposées pour s’améliorer. Nous proposons 3 améliorations : une version du questionnaire ENDA simplifiée plus adaptée à la médecine générale (qui pourrait s’insérer dans la création d’un réseau « ville-hôpital »), un support adéquat pour conserver les données (format papier ou informatique à déterminer) et un logiciel en ligne d’aide à la décision (sur le modèle d’Antibioclic ou un onglet intégré dans Antibioclic).