P190: Étude fonctionnelle de l’hypothalamus humain en spectroscopie par résonnance magnétique chez l’anorexique mentale : modifications induites par la prise alimentaire

L’hypothalamus est une structure de petite taille dont le rôle est essentiel dans la régulation de la prise alimentaire. Différentes boucles neuronales sont activées de manière différentielle lors des phases successives de la prise alimentaire. Malgré ce système de contrôle, des dysrégulations contribuent à des états pathologiques comme l’anorexie mentale (AM). La spectroscopie par résonnance magnétique (SRM) étudie spécifiquement de multiples métabolites cérébraux impliqués dans le fonctionnement neuronal. L’essentiel des données acquises sur le contrôle central de l’homéostasie énergétique résulte d’études chez le rongeur, et peu de choses sont connues chez l’homme. Ce travail a pour objectif d’étudier les modifications de l’activité hypothalamique en réponse à la prise alimentaire chez la patiente anorexique mentale grâce à une technique d’imagerie cérébrale non invasive. Trois groupes de 10 sujets féminins ont été inclus, l’un avec un IMC normal (20–25), le second avec un IMC < 18 (groupe des maigreurs constitutionnelles), le dernier avec un IMC < 18 et un trouble du comportement alimentaire de type anorexie mentale restrictive pure. Chez chaque sujet a été réalisé deux IRM cérébrales avec séquence de SRM, l’une à jeun, et la seconde une heure après la prise d’un petit déjeuner calibré à 25 % des besoins énergétiques théoriques. L’exploration IRM a consisté en une SRM pour une étude la biochimie cérébrale in vivo avec une approche métabolique. L’influence de l’état nutritionnel (pré/post prandial) et du groupe de sujets sur les concentrations de métabolites hypothalamiques, a été analysée par le logiciel d’imagerie LC Model puis calculée par un test two-way ANOVA. L’analyse des spectres retrouve dans le groupe témoin une majoration significative du N-acétyl-aspar-tate (p < 0,05) et du Glutamate (p < 0,0001) en post-prandial traduisant une activité neuronale et une activité de neurotransmission plus importante en post prandial dans cette région. Dans le groupe anorexie mentale, nous retrouvons une diminution significative du Glutamate (p < 0,001) sans variation du N-acétyl-aspartate. La concentration de ces deux métabolites est stable dans le groupe maigreur constitutionnelle au cours de la prise alimentaire. Nous avons pu mettre en évidence des modifications de la biochimie cérébrale in vivo au cours de la prise alimentaire chez la patiente anorexique mentale par rapport au groupe témoin et au groupe de sujet atteints de maigreur constitutionnelle. Il est nécessaire de poursuivre les travaux pour mieux comprendre l’origine des différences observées.