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Investigation en 2011–2013 d’un cluster de cancers chez un sous-traitant de l’industrie de pointe produisant des pièces en matériaux composites

Archives des Maladies Professionnelles et de l'Environnement(2015)

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Abstract
En juin 2011, un médecin du travail a signalé à l’Institut de veille sanitaire (InVS) un nombre apparemment élevé de cas de cancer chez un sous-traitant de l’industrie de pointe producteurs de pièces en matériaux composites. Suite à ce signalement, l’InVS a décidé en collaboration avec le médecin du travail de mener une évaluation d’un excès éventuel de cas de cancers qui a été complétée ensuite par une évaluation de l’exposition des salariés à des substances chimiques. Les cancers rapportés par le médecin du travail étaient répartis dans trois établissements de l’entreprise regroupant environ 700 salariés. Le taux d’incidence des cancers selon l’établissement, le sexe et le type de cancer, a été comparé au taux d’incidence dans la population générale (calcul du ratio standardisé d’incidence, SIR). L’évaluation de l’exposition chimique au sein d’un atelier particulier a été réalisée par le DST à la suite d’un recensement par le médecin du travail des substances utilisées. Les informations sur les usages et conditions d’emploi de ces substances, leur toxicité et toxicocinétique ont été recherchées en collaboration avec le centre antipoison et de toxicovilance de Paris. Pour certaines substances utilisées dans cet atelier, une recherche de biomarqueurs d’exposition a été faite. Sur la période 2000–2011, 22 cas de cancer ont été rapportés (11 hommes, 11 femmes), dont 10 sont de type hormono-dépendants (7 chez les femmes, 3 chez les hommes). Chez les femmes, c’est le cancer du sein qui prédominait (5 cas sur 11), avec également des cas de cancer de l’ovaire, du rein et des lymphomes. Chez les hommes, 3 cas de cancers de la prostate ont été observés, les autres types de cancers étaient très variés. Les SIR tous cancers confondus chez les hommes et chez les femmes étaient inférieurs ou légèrement supérieurs à 1, mais non significatifs, aussi bien dans l’ensemble des établissements que pour chacun d’entre eux pris séparément. Cependant, pour un des trois établissements, le SIR bien que non significatif était égal à 1,4 chez les femmes, ce qui a orienté une analyse plus fine au sein de cet établissement. Sur 8 cas rapportés chez les femmes de cet établissement, 5 étaient des cancers du sein observés chez des salariées âgées de 46 à 55 ans. Le SIR associé à ces 5 cancers du sein était proche de 2, ce qui signifie un nombre de cas observés sur la période 2000–2011 environ deux fois plus élevé que le nombre de cas attendus dans cet établissement, mais il reste néanmoins non significatif (SIR = 1,8, [0,6–3,7]). Il peut donc être soit le fait du hasard, soit le fait d’un excès réel de cancer ; la non-significativité du SIR dans ce dernier cas résulterait d’un manque de puissance statistique liée à un effectif trop faible de la population salariée. En outre, ces 5 cas concernaient des femmes ayant toutes travaillé dans le même atelier depuis plus de 14 ans et utilisant un nombre élevé de substances chimiques, ce qui a conduit à documenter l’activité et l’exposition à ces substances dans cet atelier. La description des tâches dans l’atelier et l’étude des protections collectives et individuelles ont montré que l’application manuelle de tissus imprégnés de résines sans protection adaptée rendait possible l’exposition à des produits chimiques par voie cutanée (mains). Des tâches particulières pour encoller ou mouler des pièces (par pulvérisation de produits ou utilisation de chaleur) faisaient également envisager une exposition par inhalation de certains produits. Le recensement des substances et l’étude de leurs usages et condition d’emploi, de leur toxicité et de leur toxicocinétique a fait ressortir les éléments suivants : sur les 53 substances présentes dans l’atelier, peu d’entre elles étaient classées cancérogènes (e.g. : formaldéhyde, …) et aucune n’était classée comme cancérogène pour le sein. En revanche, plusieurs d’entre elles sont des perturbateurs endocriniens (bisphénol A, tétrabromobisphénol A, PFOA, …), fortement suspectés aujourd’hui comme jouant un rôle dans la survenue des cancers hormono-dépendants dont fait partie le cancer du sein. Par ailleurs, parmi les diverses substances présentes dans les tissus, comme résines, solvants, durcisseurs et retardateurs de flamme, on a pu noter la présence de deux herbicides, d’un médicament, d’un éther de glycol reprotoxique. Au final, la présence de perturbateurs endocriniens conjuguée à l’exposition possible des salariées dans l’atelier a conduit à recommander une surveillance de certaines expositions via un dosage biologique. La recherche de biomarqueurs disponibles, dosables et interprétables a été effectuée pour les substances toxiques présentes dans l’atelier (CMR et perturbateurs endocriniens). Trois biomarqueurs urinaires ont été sélectionnés pour le suivi de l’exposition des salariées : le bisphénol A (un perturbateur endocrinien ; il n’existe pas de dosage en routine pour les autres perturbateurs endocriniens présents) et les biomarqueurs de deux substances reprotoxiques : l’acide méthoxyacétique (métabolite de l’EGME) et la 2-butanone. Les autres recommandations de l’InVS ont porté sur la traçabilité des expositions, la réduction de l’exposition (substitution, renforcement des protections collectives et individuelles, meilleure information des salariées, étude ergonomique) et le recensement par la médecine du travail d’éventuels nouveaux cas de cancer. L’InVS a effectué une démarche structurée pour répondre à l’existence ou non d’un excès de cas de cancer pouvant s’expliquer par une exposition professionnelle. La première étape via la comparaison d’incidence de cancer a orienté vers un excès de cas possible de cancer du sein pour un atelier particulier, sans toutefois qu’il soit possible de conclure en raison de limites statistiques. La seconde étape, l’évaluation de l’exposition, a montré la présence de perturbateurs endocriniens suspectés dans les cancers du sein et la possibilité d’une exposition cutanée et respiratoire à ces substances. Ces résultats ont conduit à plusieurs recommandations, dont certaines 9 mois plus tard ont été mises en œuvre (dosage de biomarqueurs, étude de gants appropriés et meilleure information des salariées) et permettent ainsi le suivi et la diminution des expositions des salariées au sein de l’entreprise.
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en matériaux composites,produisant des pièces,sous-traitant
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