Les champignons de l’eau : maîtrise du risque d’infection fongique lié à l’eau

La présence possible dans l’eau de champignons microscopiques, sous forme de levures et de champignons filamenteux, est connue. Cette contamination hydrique fongique a longtemps été considérée comme n’étant pas un problème majeur de santé, néanmoins, de rares épidémies à l’hôpital identifiées à Aspergillus sp., Fusarium sp., ou Exophiala janselmei ainsi que la fréquence des infections due à Pseudallescheria sp. lors de noyades, sont là pour attester du risque infectieux. La méthode pour les rechercher dans l’eau n’est pas standardisée, toutefois ; une approche possible repose sur la filtration de l’eau froide étudiée, puis le dépôt des filtres obtenus sur milieu gélosé et leur incubation à une température voisine de 30°C. L’identification complète des champignons par séquençage jusqu’à l’espèce, comme A. calidoustus, ouvre des perspectives de compréhension de l’épidémiologie des infections liées à l’eau. La situation d’un établissement hospitalier par rapport à un autre et les sources de la contamination sont variables et fonction de l’origine de l’eau (eaux de surface, de nappes phréatiques, de réservoirs de stockage) ainsi que de la nature et l’âge des canalisations du réseau… avec des différences qualitatives et quantitatives. La pose de filtres terminaux aux robinets et aux douches est une méthode de prévention dans les unités de soins hébergeant des patients à risque. Les champignons peuvent interagir avec d’autres organismes, s’organiser en biofilms leur conférant une résistance accrue aux traitements. Il peut aussi exister un lien entre contaminations aérienne et aquatique. L’exemple de l’analyse du risque des unités dentaires intéresse principalement Candida albicans mais aussi les champignons filamenteux. La connaissance du biotope « eau » pour les champignons ainsi que les interactions avec tous les micro-organismes est encore incomplète. Compte tenu de la gravité des infections chez les patients immunodéprimés, le contrôle de la qualité microbiologique de l’eau, y compris fongique, n’est plus à négliger dans les établissements de soins.