Mycoses sous-cutanées : retard au diagnostic et difficultés thérapeutiques : à propos de trois cas diagnostiqués au laboratoire de mycologie de la faculté de médecine de Libreville

Les Mycoses sous-cutanées encore appelées mycoses « exotiques » ou d’importation sont des affections fongiques occasionnées, en zone tropicale, par des micromycètes saprophytes du milieu extérieur. Les patients affectés ont en majorité une activité rurale (agriculteurs, cultivateurs) qui les expose à la contamination. Souvent négligées par les populations concernées, ces affections volontiers d’évolution lente et chronique sont rarement diagnostiquées précocement, ce qui en réduit fortement les chances de succès thérapeutique. Nous rapportons trois cas de patients atteints de mycoses sous-cutanées et vus en consultation au département de parasitologie-mycologie de la faculté de médecine de Libreville. Pour le premier il s’agissait d’une patiente de nationalité gabonaise, de sexe féminin, âgée de 75 ans et qui présentait une chromomycose du bras gauche, évoluant depuis 35 ans. Le second cas concernait également un sujet Gabonais, de sexe masculin, âgé de 54 ans et qui présentait une rhinoentomophthoromycose de la face, évoluant depuis plus de 2 ans (33 mois). Quant au 3e patient, de nationalité sénégalaise, il était atteint de mycétome siégeant sur la fesse et la cuisse gauches, d’évolution chronique depuis l’âge de 11 ans. Le diagnostic a été anatomopathologique, puis mycologique. Dans les 3 cas l’examen mycologique direct des prélèvements a été contributif et l’identification du champignon en culture possible, exceptée pour l’agent de la rhinoentomophtoromycose, mis en évidence par PCR. Ces observations rendent compte du caractère négligé de ces affections par les populations concernées, mais également de la méconnaissance par la majorité des agents de santé de ces pathologies. Ainsi malgré la disponibilité actuelle d’antifongiques actifs, le coût élevé de ces derniers pour des populations démunies, la mauvaise observance du traitement, souvent très long du fait du retard au diagnostic, ont expliqué chez ces patients les difficultés d’accès à une guérison totale.