Traumatismes secondaires à la pratique du judo chez l’enfant

Archives de Pédiatrie(2010)

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摘要
Résultats L’étude a inclus 173 patients. La moyenne d’âge était égale à 10,6 ± 2,4 ans, le sex-ratio à 2,46. Les lésions se distribuaient en : contusions (45 %), fractures (31 %), entorses (19 %), luxations (3 %) et plaies (2 %). Le siège des lésions prédominait aux membres supérieurs (46 %), suivi des membres inférieurs (25 %). En comparant les autres lésions, les garçons avaient un risque de fracture plus élevé ( p = 0,042). La gravité clinique était faible et la durée de séjour courte (172 min ± 137 min). Dans la très grande majorité des cas (92,5 %) l’hospitalisation n’a pas été nécessaire. Conclusion Ces accidents fréquents et de faible gravité se distinguent chez les enfants par des mécanismes lésionnels différents des adultes et de possibles répercussions sur la croissance. L’évaluation de leurs facteurs de risque et leur prévention lors des entraînements ou compétitions favoriseraient leur réduction. Summary Aims Analyze the epidemiology and the distribution of judo injuries in a pediatric population. Patients and methods A retrospective study was conducted from May 2006 to May 2008, including all patients aged less than 15 years admitted to a tertiary-level pediatric emergency unit. The data collected were age, sex, geographic origin, time and day of admission, duration in the pediatric emergency department, body weight, type and location of injuries, and progression. For statistical analysis, data were entered in Microsoft Excel tables. In the descriptive analysis, data are presented as mean values with SD. To compare qualitative variables, a χ 2  test was used and the two-tailed Fisher exact test if the expected value was lesser or equal to 5. Statistical significance was considered at P < 0.05. Results During the study period, 173 patients were included, with a male:female ratio of 2.46. The mean age was 10.6 ± 2.4 years. Most children were admitted during the weekend (59 %). The distribution of lesions was contusions (44 %), fractures (31 %), sprains (19 %), dislocations (3 %), and wounds (3 %). The upper extremities were more frequently affected than the lower extremities (46 % vs. 25 %), with a significant male prevalence (78 %) ( P < 0.0001), dominated by fractures (54 %), especially clavicle fractures (72 %). Compared to the other injuries, the male population had a significantly higher risk of fractures ( P = 0.04). Thirteen children required hospitalization for surgical repair of fractures. Conclusion Frequent and often benign, judo accidents in children are different from adult injuries in their mechanisms and injury distribution. There is also an additional risk of growth plate damage. Risk factors have been attributed to an increased injury incidence: body weight loss over 5 % or overweight, age and judo experience, and male gender. During competition and training sessions, the evaluation and prevention of these factors could decrease the occurrence of such injuries. Mots clés Urgences Traumatologie Fractures Judo 1 Introduction Les admissions aux urgences pédiatriques en rapport avec la pratique des arts martiaux, sont de plus en plus fréquentes et ce dès le plus jeune âge du fait de l’activité d’éveil au judo à partir de 3 ans. Les traumatismes en cause présentent des spécificités liées à ces pratiques et des mécanismes lésionnels différents. Nous présentons l’analyse descriptive d’une cohorte d’enfants admis dans l’unité des urgences pédiatriques de l’hôpital des Enfants du CHU de Toulouse suite à un accident de judo. L’analyse de l’incidence, des mécanismes et des facteurs de risque est étayée par une revue de la littérature. 2 Matériels et méthodes Il s’est agi d’une étude rétrospective incluant tous les patients âgés de moins de 15 ans admis aux urgences pédiatriques suite à un accident de judo entre le 1 er mai 2006 et le 31 mai 2008. Tous les dossiers médicaux ont été revus. Les données démographiques pour chaque patient comportaient l’âge, le sexe et l’origine géographique. Les autres données collectées comprenaient le mode de recours (être ou non adressé par un médecin), le mode de transport, le jour et l’heure d’admission, la nature, le siège et le type de prise en charge des lésions, la durée de séjour aux urgences et le devenir des patients. Après anonymisation, les données ont été collectées dans un tableau Microsoft Excel ® . Dans l’analyse descriptive, les données sont présentées en valeur moyenne avec l’écart-type. Pour comparer les variables qualitatives un test de χ 2  a été appliqué avec une différence significative pour p < 0,05. 3 Résultats Sur la période étudiée, 173 patients ont été admis aux urgences pour des accidents relatifs à la pratique du judo. Il y avait une majorité de garçons ( n = 123) avec un sexe ratio égal à 2,46. La moyenne d’âge était de 10,6 ± 2,4 ans (extrêmes 5,2 à 15 ans, médiane 10,7 ans). La répartition par âge était identique entre filles et garçons (respectivement 10,5 ± 2,3 ans et 10,6 ± 2,5 ans). La majorité des patients (91 %) s’étaient présentés d’eux-mêmes aux urgences sans recours préalable à un médecin. Sept pour cent avaient été adressés par un médecin (médecin généraliste ( n = 11), pédiatre ( n = 1)). Pour 4 patients, le parcours de soin n’était pas connu. Le mode de transport prédominant était le véhicule familial dans 56 % des cas ( n = 95) quel que soit le jour de la semaine. Les autres moyens de transport étaient, par ordre décroissant, une ambulance privée dans 10 % des cas ( n = 18), un véhicule de secours et d’aide aux victimes (VSAV) dans 6 % des cas ( n = 10), le SMUR pédiatrique ( n = 2) et un taxi ( n = 1). Le moyen de transport n’avait pas été enregistré dans 27 % des cas ( n = 47). La distance entre le lieu de résidence et les urgences pédiatriques était en moyenne égale à 21 km. Les familles étaient originaires du département de la Haute-Garonne dans 90 % des cas ( n = 155). La majorité des admissions avaient eu lieu en fin de semaine ; les vendredis, samedis et dimanches cumulant 59 % des admissions (respectivement n = 18, 20 et 60), le mercredi représentait après le dimanche, le jour d’admission le plus élevé ( n = 26). Les heures d’arrivée étaient variables en fonction des jours de la semaine : en soirée (entre 20 heures et minuit) (52 %) les jours de semaine lundi, mardi, jeudi et vendredi. Durant les jours de week-ends, les heures d’arrivée s’échelonnaient plus volontiers sur la journée entre 10 h et 20 h (95 %), et surtout l’après midi entre 14 h et 18 h (51 %). Le type de lésion était par ordre décroissant : des contusions ( n = 77– 45 %), des fractures ( n = 54 – 31 %), des entorses ( n = 33 – 19 %), des luxations ( n = 5 – 3 %) et des plaies ( n = 4 – 2 %). La répartition de ces lésions en fonction du sexe était homogène ( p = 0,27) mais, considérant le risque de fracture comparé aux autres lésions, les garçons avaient un risque plus élevé (OR 2,23 [1,01–5,28], p = 0,042). La distribution des lésions n’était pas différente dans le groupe d’enfants âgés de moins de 10 ans ( n = 65) comparée aux plus âgés ( n = 108) avec cependant une tendance à présenter plus de lésions avec l’âge (tableau I) . Le siège des lésions prédominait aux membres supérieurs dans 46 % cas ( n = 79). Le risque d’atteinte du membre supérieur était plus élevé chez les garçons (OR 9,42 [3,71–24,47], p < 0,0001). Les lésions concernaient ensuite de façon décroissante, les membres inférieurs ( n = 43 – 25 %), la tête et le cou, souvent groupés dans les études, ( n = 37 – 21 % – dont 24 atteintes cervicales et 13 traumatismes crâniens et plaies du cuir chevelu), le thorax ( n = 7 – 4 %), le dos et les lombes ( n = 3 – 2 %), à type de contusion. Les traumatismes abdominaux étaient peu fréquents ( n = 2), également à type de contusion simple, sans lésion viscérale sous-jacente. Un cas de traumatisme des organes génitaux externe avait été noté chez un garçon. Au niveau du membre supérieur (tableau II) , siège lésionnel le plus fréquent, prédominaient les lésions proximales au niveau de l’épaule (35 %) et du coude (29 %). Les atteintes distales du membre supérieur se répartissaient en : 18 % de lésions de l’avant-bras et du poignet ( n = 14), et 18 % de traumatisme de la main ( n = 14). Cette répartition était semblable entre les filles et les garçons. Au niveau de l’épaule, les fractures étaient prédominantes ( n = 18 - 64 %) incluant dans 46 % des cas ( n = 13) des fractures de la clavicule et dans 18 % des cas ( n = 5), des fractures de l’extrémité supérieure de l’humérus. Les autres lésions étaient représentées par des contusions simples ( n = 8 – 29 %) et des entorses acromioclaviculaires ( n = 2). Aucune luxation d’épaule n’avait été détectée. Au niveau du coude et de l’avant-bras ou du poignet, les fractures représentaient respectivement 48 % ( n = 11) et 79 % ( n = 14). Les autres lésions du coude étaient représentées par des contusions dans 35 % des cas ( n = 8), des luxations ( n = 2) et des entorses en nombre identique aux luxations. En ce qui concerne l’avant-bras et le poignet, les autres atteintes étaient des entorses ( n = 3). Au niveau des membres inférieurs (tableau II) , la répartition des lésions concernait, à l’inverse des membres supérieurs, la partie distale du membre, à partir du genou où se concentraient 89 % des lésions ( n = 38). Les atteintes du pied totalisaient 35 % des cas ( n = 15), du genou ou de la cheville respectivement 23 % chacun. Aucune atteinte au niveau de la jambe n’avait été retrouvée chez les garçons, sans différence statistiquement significative. Concernant le type de lésions des membres inférieurs (tableau II) , les entorses prédominaient avec 42 % des cas ( n = 18). Ces entorses représentaient 60 % des traumatismes du genou ( n = 6) et 70 % des traumatismes de la cheville ( n = 7). Les autres lésions étaient des contusions ( n = 13 – 30 %), des fractures ( n = 10 – 23 %). Enfin, les luxations et plaies ont été rares ( n = 1 – 2 %). L’ensemble tête et cou était concerné par une majorité de contusions (n = 21 – 87 %), d’entorses ( n = 2) ou de luxation cervicale ( n = 1). Au niveau crânien les traumatismes simples dominaient ( n = 9). Les plaies étaient rares ( n = 3) et une seule fracture de la voûte crânienne avait été diagnostiquée. Les différents types de fractures du membre supérieur et du membre inférieur et leur prise en charge sont répertoriés dans le tableau III . La gravité clinique des patients a été évaluée grâce à la « classification clinique des malades aux urgences » (CCMU) : 98 % ( n = 170) des patients présentaient un état clinique stable (CCMU 1 [ n = 12] et 2 [ n = 158]). Trois patients avaient un état clinique instable (CCMU 3). La durée de séjour aux urgences avait été courte, en moyenne égale à 172 ± 137 min (extrêmes : 34 min à 19 h). La prise en charge des patients était souvent de type ambulatoire (93 %). Deux réductions orthopédiques sous Méopa ® pour des fractures du tiers inférieur des 2 os de l’avant-bras avaient été réalisées aux urgences, permettant ainsi un retour à domicile rapide (tableau III) . Treize patients avaient été hospitalisés dans un service de chirurgie pédiatrique ( n = 4) ou dans le service de pédiatrie générale ( n = 9). Les hospitalisations étaient motivées dans 85 % des cas par des fractures des membres, notamment des membres supérieurs dans 91 % des cas, ayant nécessité une réduction chirurgicale sous anesthésie générale (fracture de l’extrémité inférieure de l’humérus [ n = 7], fracture de l’extrémité inférieure du radius et cubitus [ n = 3], fracture de la diaphyse fémorale [ n = 1]) (tableau III) . Les autres causes d’hospitalisation étaient une luxation du coude ( n = 1) et une contusion abdominale ( n = 1). 4 Discussion La pratique des arts martiaux chez les enfants ne cesse d’augmenter. Aux États-Unis, près d’un million de licenciés sont dénombrés chez les enfants et les jeunes adolescents [1] . En France, la fédération française de judo, jujitsu, et kendo recensait plus d’un demi million d’adhérents licenciés dont 403 458 âgés de moins de 17 ans (383 732 âgés de moins de 15 ans). Elle constitue la 3 e fédération sportive par le nombre d’adhérents (selon la fédération française de judo). Cet essor a des conséquences en termes d’accidentologie spécifique et de prise en charge. Entre 1983 et 1988, les unités A et E du Cardiff Royal Infirmary du Pays de Galles ont enregistré une augmentation de 45 % des blessures liées aux accidents de judo, principalement liée à la participation des filles entre 10 et 15 ans [2] . Dans notre étude, les accidents propres à la pratique du judo représentaient moins de 1 % des admissions chirurgicales sur la période concernée, les accidents scolaires et de sports représentant l’un des principaux motifs de recours pour traumatisme en pédiatrie [3] . Il existe une prédominance masculine pour les accidents de judo et des arts martiaux en général. Une pratique plus fréquente des sports de combats par les garçons expliquerait cette prévalence [1,3,4] . De nombreuses études ont insisté sur le fait que les garçons étaient aussi plus fréquemment blessés que les filles [5–7] . Selon Pieter et Zemper [3] , concernant les accidents survenus lors de compétition en taekwondo, le nombre total de blessures en compétition ne différait pas entre les 2 sexes, bien que le nombre absolu de garçons ait été plus important. Les moyennes d’âge de survenue d’accident de sport en pédiatrie se situent entre 12 et 13 ans sur des études concernant des sujets âgés de 5 à 18 ans [4] . La moyenne d’âge de notre étude était plus basse, incluant uniquement les patients âgés de moins de 15 ans. L’extrême inférieure de la fourchette d’âge de 5 ans correspond à l’âge de pratique de l’éveil judo possible dès 3 ans, ou de la pratique des sports en général [3] . La faible implication par les familles des pédiatres ou des médecins généralistes dans le parcours de soins s’explique probablement par le caractère brutal des accidents de sport. La fréquente nécessité d’examens complémentaires radiologiques favorise la venue spontanée des patients et de leur famille vers un secteur d’urgences. Ce phénomène est accentué par un recours plus marqué le week-end, notamment le dimanche, jour des compétitions sportives, et d’une permanence de soins moins importante. Le recours aux sapeurs pompiers est faible et semble en rapport avec la survenue de l’accident en l’absence de la famille, en particulier lors de compétitions. La faible gravité de ces accidents est aussi un argument supplémentaire pour privilégier les transports familiaux et limiter l’intervention des VSAV ou des équipes médicalisées du SMUR. Les accidents de judo surviennent majoritairement les jours de weekend (compétition) et les mercredis (jour d’entraînement). Le judo est peu pratiqué pour l’instant dans les sports scolaires en France. Les entraînements sportifs ont lieu préférentiellement en dehors des heures de classe, approximativement un tiers des accidents de judo survient lors de compétitions [8] . Mais le risque de blessure ne semble pas être augmenté de façon significative par le judo comparé aux autres arts martiaux comme le taekwondo ou le karaté [8] . La nature des lésions observées dans notre étude est comparable à celle de la littérature. À l’exception des entorses, elle ne semble pas différente selon les arts martiaux. En effet, sur des études spécifiquement pédiatriques, les contusions étaient les blessures les plus communes au cours de la pratique du judo, du karaté et du taekwondo [9,10] . Les fractures viennent ensuite, sauf dans l’étude de Yard et Knox. [4] pour laquelle les fractures étaient prédominantes. Les entorses sont décrites pour le judo et taekwondo, mais ne sont pas constatées pour le karaté, en raison de mécanismes lésionnels différents. En revanche, la nature des lésions semble différer en fonction de l’âge et notamment entre enfants et adultes (tableau IV) . En effet, pour Yard et Knox. [4] , les lésions pédiatriques consécutives à des accidents de judo (cohorte de 451 judokas) étaient représentées par ordre décroissant, par des fractures (27,6 %), des contusions (25,4 %), des entorses (24,1 %), des plaies (8,0 %), des commotions (4,1 %), des luxations (1,5 %), et autres (9,3 %). Cette répartition est semblable à celle d’autres études pédiatriques [3,6,11] . En revanche, une étude concernant les accidents survenus chez des adultes (sur une cohorte de 93 judokas) lors d’une compétition de judo à Sao Paulo [12] , mettait en évidence une majorité d’entorses, de contusions, de lésions ligamentaires, luxations, mais ne retrouvait pas de lésions fracturaires. Sterkowicz [13] et Cunningham [14] ont présenté des résultats similaires chez des judokas adultes. Ces différences liées à l’âge s’expliquent par des techniques de lutte et une expérience différente. En effet, selon Sterkowicz [13] il existe une corrélation entre l’âge et le type de mécanisme lésionnel en cause dans les accidents de judo. Entre 10 et 15 ans, les lésions sont en rapport avec des traumatismes directs et des chutes tandis que les techniques d’étranglement et de clés de bras sont pratiquées à des niveaux et des âges supérieurs [13] . Les fractures sont plus fréquentes dans le groupe des jeunes compétiteurs dans de nombreuses études [4,6,13] en raison probablement des mécanismes de chute et d’une structure osseuse différente, plus chargée en eau et moins résistante. Ce phénomène est également décrit dans d’autres arts martiaux comme le taekwondo où les principales lésions des jeunes compétiteurs correspondent à des attaques non bloquées, en raison de leur manque d’anticipation et d’expérience [9] . La nature des lésions, indépendamment de l’âge, pourrait varier en fonction du sexe. Les filles auraient tendance à présenter plutôt des contusions, sans différence statistiquement significative et les garçons des fractures de manière significative, dans notre étude. Cette tendance a été retrouvée dans la littérature avec, dans le cadre d’accidents de sport en général, des fréquences plus importantes d’entorses et de contusions, et moindres de fracture chez les filles [1,11,15] . Dans notre étude, la répartition des lésions, selon les parties du corps lésées, était superposable à la plupart des publications concernant les accidents de judo [4,9,12,15,16] . Les atteintes lésionnelles prédominent sur les membres supérieurs, indifféremment selon le sexe, et s’expliquent par les mécanismes des blessures  [1,4]  : prépondérance de mécanismes de projection par l’adversaire ou lors du travail au sol pour le sexe féminin ; chez les hommes, prédominent les agrippements provoquant des traumatismes digitaux plus fréquents, les projections de ou par leur adversaire [8,16] . Selon Sterkowicz [13] , les lésions proximales du membre supérieur, notamment de l’épaule et de la scapula, sont les plus fréquentes notamment entre 10 et 15 ans et décroissent chez les compétiteurs plus âgés. À l’inverse, les lésions des jambes, tronc et tête apparaissent plus fréquentes aux âges supérieurs [13] et ne sont pas retrouvées dans notre étude. Les fractures de la clavicule et de l’avant bras surviennent souvent sans corrélation avec l’âge [12,13] . Les genoux sont aussi des cibles lésionnelles fréquentes en raison de mécanismes de rotation du corps qui excèdent les limites articulaires. Une répartition un peu différente est retrouvée lors de compétitions de taekwondo ou de karaté chez des jeunes athlètes, avec une prédominance des atteintes lésionnelles au niveau des membres inférieurs, puis de la tête et du cou suivi par les membres supérieurs et le tronc, [3,17] . À techniques différentes, lésions différentes. Dans l’étude de Pieter et Zemper [9] , le groupe des plus jeunes compétiteurs (6–16 ans) avait une répartition des lésions proche de celle de notre étude : 33 % d’atteintes des membres supérieurs et 30 % d’atteintes de la tête et du cou, probablement en rapport avec le manque d’expérience et d’anticipation. L’étude de Yard et Knox [4] confirmait une variation des sièges et types de lésions en fonction des arts martiaux pratiqués et des techniques différentes. Cette étude rappelait la majorité de chute et de mouvements de projection au judo avec parallèlement des atteintes préférentielles des membres supérieurs et notamment des épaules. Le karaté et le taekwondo étaient au contraire associés à des atteintes du cou, ou des membres inférieurs et des extrémités [1,5] . La prise en charge des fractures de l’enfant est majoritairement orthopédique et nécessite une immobilisation adaptée ; il y a peu d’ostéosynthèses. La gravité clinique des accidents de judo est faible dans notre étude. Cela s’explique, d’une part, par la nature des lésions évoquées précédemment [17] et, d’autre part, par la moyenne d’âge relativement faible de notre étude. En effet, il existe une corrélation proportionnelle entre l’augmentation de l’âge des judokas et celle de la gravité des lésions [13] . Dans les arts martiaux, l’incidence des blessures et leur gravité semblent augmenter avec l’expérience [1,5,10] . Il n’y a pas eu d’accident grave dans notre étude. Ces derniers sont rares et peuvent représenter de 0,17 à 0,3 % [10,18] des cas. En effet, Griguere [18] avait rapporté 2 cas de décès. L’un concernait une victime âgée de 20 ans, qui a développé un hématome extradural suite à un traumatisme direct. L’autre décès est en rapport avec un malaise d’origine cardiovasculaire chez un patient de 38 ans. Birrer et Halbrook [10] , quant à lui, a répertorié 6 cas de décès secondaires à des traumatismes directs (4 traumatismes crâniens, 1 traumatisme sur la poitrine et 1 au niveau du cou) chez 15 017 pratiquants d’arts martiaux. Deux autres accidents graves en karaté sont décrits dans la littérature et concernent des accidents vasculaires cérébraux avec hémiplégie associée, en rapport avec des traumatismes du cou, près de la carotide [19,20] . Concernant les accidents en compétition de taekwondo [3] , les fractures et les commotions cérébrales sont des critères de gravités au niveau lésionnel en raison, d’une part, du risque d’atteinte du cartilage de croissance au niveau des fractures et du risque de répercutions sur la croissance [21] et justifient, d’autre part, la mise en place de protections comme le port d’un casque pour atténuer la force des impacts crâniens. La prise en charge des accidents de judo est majoritairement ambulatoire et relativement courte. Les réductions de certaines fractures sous Méopa ® favorisent les retours à domicile. Le recours à des hospitalisations est en rapport avec des fractures déplacées, nécessitant une réduction orthopédique sous anesthésie générale associée à une éventuelle ostéosynthèse ou la surveillance de traumatismes crâniens de gravité intermédiaire. Un 2 e recours aux urgences a été observé dans le cadre de consultation de suite de la lésion initiale. Les motifs sont en rapport soit avec l’immobilisation plâtrée (douleur sous plâtre et réfection de plâtre) soit avec une infection du matériel chirurgical. Il n’y a pas eu de nouvel incident lié à la pratique du judo pour un même patient durant la durée de notre étude. Il est aussi intéressant d’isoler des facteurs de risque prédisposant les judokas à des blessures. Le poids ou ses variations semblent revêtir de l’importance. Selon Green et Petrou [8] , il ne semble pas y avoir de corrélation entre les accidents de judo et la catégorie de poids en elle-même ou le niveau des judokas (couleur de la ceinture). En revanche, il existerait significativement plus d’accidents suite à une perte de poids supérieure à 5 %, pour permettre un passage dans une catégorie de poids inférieure entre 2 compétitions, en rapport avec de moins bonnes conditions physiques et de perte de masse musculaire. Quant à Pieter et Zemper [9] , concernant le taekwondo, ils évoquaient une possible relation entre le poids, la force et l’incidence des blessures en compétition. Cependant, aucune relation statistiquement significative n’a été établie. Le surpoids pourrait être un éventuel facteur de risque. Le caractère rétrospectif de notre étude n’a pas permis d’étudier l’influence du surpoids dans les accidents de judos. L’âge pourrait être également un facteur de risque. Notre étude montre une tendance à présenter plus de lésions avec l’âge. Les résultats restent variables selon les études, avec autant d’augmentation [22] que de réduction [23] des accidents de judo avec l’âge. Kujula et al. [24] ont montré une augmentation du nombre des blessures avec l’âge chez les judokas et karatékas quel que soit leur sexe. D’autres facteurs de risques d’accidents ont été mis en évidence en relation avec la fréquence et la durée des entraînements. Pour Green et Petrou [8] au judo, l’incidence des accidents augmentait si l’expérience était supérieure à 3 ans de pratique. Les accidents dans les arts martiaux augmentent également avec l’âge, l’expérience et l’entraînement [1,8,25] . Cette notion est confirmée pour le karaté, où moins d’accidents sont isolés pour des entraînements inférieurs à 3 h/s. L’expérience des judokas ou karatékas est responsable, comme nous l’avons évoqué précédemment, de nature et siège de lésions différents. Les karatékas de niveau inférieur à la ceinture marron présenteraient moins d’accidents que ceux de niveau supérieur [25] . Pour limiter l’incidence des accidents de judo, des mesures de prévention lors des entraînements et de compétition sont à adapter à l’âge, l’expérience et au type d’art martial pratiqué. L’incidence du poids et surtout du surpoids dans les accidents de judo mériterait d’être approfondie dans la mesure où il s’agit d’un facteur sur lequel des mesures préventives spécifiques pourraient être établies ; de même, pour les pertes de poids récentes avant les compétitions [8] . Les autres facteurs de risque, en rapport avec le niveau, l’expérience ou la fréquence d’entraînement [1,8,25] , relèvent plutôt du constat et s’avèrent difficilement modifiables. Les différentes suggestions relatives à la prévention des accidents dans les arts martiaux ont été décrites par Pieter [26] . Elles s’articulent autour de 5 points : • l’éducation ; • l’entraînement et l’âge d’entrée en compétition ; • l’actualisation des règles techniques ; • l’équipement ; • les référents. En effet, les entraîneurs, référents, athlètes, et directeurs de tournois doivent être informés sur les blessures, leurs mécanismes et leur prévention. Les entraîneurs et référents devraient d’ailleurs présenter un niveau de qualification standardisé. Concernant la gestion sportive, les enfants ne doivent pas débuter prématurément les compétitions. Le planning d’entraînement doit être adapté à l’âge, et concernant le taekwondo, l’usage des coups de pieds doit rester approprié. Les règles techniques de l’art martial concerné doivent être actualisées concernant notamment le fait de porter des coups à la tête (taekwondo) pour limiter le risque de blessures. Les équipements doivent également être adaptés aux lésions en cause. Pour le taekwondo, cela consiste par le port de protections au niveau de la tête et du cou (casque), ou au niveau des extrémités (gants) [1,25,26] . Ces mesures ne sont pas réalisables au judo étant donné la prédominance des lésions au niveau de la partie proximale des membres, zone plus difficile à protéger. Enfin, la dernière mesure concerne l’expérience des référents et consultants qui doivent avoir eux-mêmes pratiqué en compétition au niveau national au minimum [27] . Le profil psychologique des compétiteurs dans les arts martiaux serait un facteur de risque potentiel [28] . Le niveau de l’état d’anxiété cognitive et somatique au judo serait positivement corrélé au niveau de compétition selon Filaire et al. [29] . En revanche, le stress serait délétère et aurait engendré des blessures en basket-ball et en gymnastique [30] , mais l’impact de ce facteur n’a pas encore été étudié dans les arts martiaux. 5 Conclusion Les accidents de judo sont fréquents chez l’enfant. Leur gravité reste faible. Ils se distinguent de ceux rencontrés chez l’adulte par des mécanismes lésionnels différents et une proportion plus importante de fractures du membre supérieur. Les facteurs de risques prédominants sont représentés par l’âge, l’expérience, la fréquence d’entraînement et les variations pondérales. Ces facteurs ne sont pas maîtrisables, à l’exception de la perte de poids. L’influence du surpoids reste à évaluer. Une bonne hygiène de vie, un poids stable sans variation excessive et un faible niveau de stress, le jeune âge, l’absence d’expérience et le sexe féminin seraient autant de facteurs limitants des accidents de judo. 6 Conflit d’intérêt Aucun. Références [1] W. Pieter Martial Arts Injuries Med Sport Sci 48 2005 59 73 [2] S.J. Jones R.A. Lyons J. Sibert Changes in sports injuries to children between 1983 and 1998: Comparaison of case series J Pub Health Med 23 2001 268 271 [3] T.D. Simon C. Bublitz Emergency department visits among pediatric patients for sport-related injury: Basic epidemiology and impact of race/ethnicity and insurance status Pediatr Emerg Care 22 2006 309 315 [4] E.E. Yard C.L. Knox Pediatric martial arts injuries presenting to emergency departments. United States 1990–2003 J Sci Med Sport 10 2007 219 226 [5] A.W. Murphy C. Martyn P.K. 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Urgences,Traumatologie,Fractures,Judo
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