Pratiques traditionnelles et transmission de l'infection à VIH au Sénégal: l'exemple du lévirat et du sororat

En Afrique le mariage constitue une étape nécessaire dans la vie de chacun. Il consacre l'union entre deux partenaires de sexe opposé. Le lévirat est une forme d'alliance qui signifie la reprise en mariage de l'épouse du défunt frère par un de ses frères, le plus souvent son cadet. Le sororat est un mariage arrangé qui vise à reconduire une alliance matrimoniale en remplaçant la femme décédée par sa soeur cadette. Le but de ce travail est de montrer le rôle que pourraient jouer certaines pratiques quotidiennes telles que le lévirat et le sororat dans la transmission de l'infection à VIH au Sénégal. A partir d'un cas clinique d'une veuve VIH-1 séropositive remariéc au petit frère de son défunt mari, les auteurs discutent les risques de transmission au sein du nouveau couple et les problèmes éthiques et juridiques liés à ce mariage. Se pose ici le problème de l'information du frère du défunt sur les causes de décès de son frère mais surtout de la séropositivité au VIH de sa future épouse. Faut-il face à ce dilemme l'informer en faisant fi du secret médical? Ou faut-il se taire et l'exposer à un risque de contamination plus que certaine au VIH par sa future épouse? La femme du défunt frère VIH séropositive peut-elle imposer le préservatif à son nouveau mari, surtout si ce dernier assure remplir son devoir conjugal “jusqu'au bout” parce que voulant assumer ses responsabilités face à la société? En dehors du cadre traditionnel du lévirat, le problème réel qui se pose est celui du remariage d'une veuve séropositive. En effet, le risque de contamination par le VIH reste entier que le nouveau mari soit le frère du défunt ou un autre homme d'une autre famille. On perçoit alors la difficulté de la prévention de l'infection à VIH, la difficulté du counseling dans nos pays et les problèmes éthiques et juridiques posés par le VIH.