L'héritage chrétien de l'Europe: retour sur une controverse historique

Cette revue est restee si hantee par l'« histoire delaissee » et pourtant si presente dont Rene Remond fut l'avocat des les annees 1960 et dont il etait reste l'instituteur, que notre ami disparu nous pardonnera de ne pas songer a ajouter notre petite musique a son tombeau. Car a cette heure, apres le fatal 14 avril, nous ne savons qu'egrener le chapelet des mots maladroits et pourtant si sinceres: chagrin, affection et fidelite. Dans notre premier numero, en janvier 1984, « le maitre », comme nous disions si souvent entre nous, avait place l'historien de notre temps au coeur d'une melee ou l'imprevisible, l'ineluctable et le contingent se bousculent aveuglement, mais ou l'histoire peut enoncer et faire respecter des regles qui confrontent ce temps-la avec l'intelligence et le rendent ainsi moins opaque et plus nourricier. En verite, bic et nunc. Aujourd'hui, apres tant d'annees ou la presence et le concours toujours si actifs de Rene Remond n'ont jamais fait defaut a Vingtieme Siecle. Revue d'histoire, nous ne pouvions pas mieux faire foi de notre gratitude qu'en publiant ce texte, inedit, qui suit et que nous lui avions demande a l'issue d'une conference qu'il avait prononcee avec sa vivacite et sa clarte habituelles a Euro-partenaires, le 19 mai 2004. Nous etions convenus avec lui de le « passer » en regard d'un autre article, ou la part des Lumieres dans l'enracinement de l'Europe aurait ete tout aussi legitimement rappelee. Or l'autre « papier » n'est pas arrive et Rene Remond, helas, ne pourra plus argumenter. Nous avions des lors le devoir et l'honneur de donner un dernier acces a sa reflexion. Avec le refus de voir l'Etat se meler d'histoire, cette haute et vibrante affirmation de l'heritage chretien de l'Europe, on va vite le sentir, aura accompagne jusqu'au jour et l'heure l'historien Rene Remond. Il nous le dit, encore, et de tres vive voix.